Laponie suédoise en skis et pulka – 12 jours en autonomie

Mars / Avril 2019

Les choses ont été tellement rapide qu’on se demande encore comment on est arrivé à se retrouver dans une tempête de neige en Laponie suédoise coincé dans une tente. Tout cela parce qu’on aime le froid et les bivouacs ?!

Tout a commencé par une fête de famille que l’on avait oubliée. On était dans un super projet de faire la Kungsleden en été, on avait déjà acheté la tente super légère, les cartes et l’entrainement était commencé, on se projetait déjà, quand tout d’un coup on s’est rappelé que l’été 2019 sera pris par une fête de famille ! Argh !

Bon, si c’est comme cela, on la fera en hiver. On a déjà fait quelques bivouacs hivernaux, des sorties raquette et un séjour (dans un petit chalet) en Finlande, on devrait donc pouvoir organiser un trek hivernal un peu plus intense. Il faut juste que l’on achète des skis de randonnée nordique et que l’on s’entraîne, que l’on «forme» les souliers qui vont avec, et que l’on organise le voyage et les transferts avec tout le matériel, le séjour avant et après le trek ainsi que la planification du trajet… On a eu de longues discussions autour du froid et ses répercussions sur les batteries, la nourriture, les boissons, les sacs de couchage, les habits, etc. Tout cela entre novembre 2018 et février 2019 !

Lausanne – Abisko (via Zurich, Stockholm et Kiruna) | 24 et 25 mars 2019 | beau

Afin de pouvoir prendre le vol pour Stockholm le 25 mars à 6h30, nous avons passé une nuit à l’hôtel Radison Blue de l’aéroport de Zurich ; la classe ! Même s’ils ont des problèmes avec leurs badges qui semblent fonctionner une fois sur deux que ce soit pour la porte de la chambre ou pour l’ascenseur…

Avec le réveil à 4h la journée sera longue, mais on est impatient, et on tire et porte nos trois sacs de 23 kilos et le sac avec les skis à travers l’aéroport. Le check in se fait sans problème et ils ont même oubliés de nous taxer le poids et le bagage supplémentaires. Par contre, à Stockholm nous devons récupérer nos bagages pour les passer personnellement à la douane, même si on a pu faire le check-in des bagages jusqu’à Kiruna; sauf que nos bagages n’arrivent pas, et on attend, on attend. Rien ! Aucun bagage à l’horizon ! Petit coup de stress, et l’heure de la correspondance pour le vol interne avance. Sony va alors se renseigner et après plusieurs coups de téléphone, l’employé nous annonce que nos bagages ont été directement mis dans l’avion pour Kiruna ; soulagement ; course pour prendre le vol. Mais avant nous devons à nouveau passer le contrôle de sécurité, et le scanner a vu une forme étrange qui ressemble à un sac rempli de poudre dans le bagage à main de Reno. Quelle fierté pour lui de montrer à tous les 3 kilos de muesli … qui repasseront par le scanner !

Aucune neige à Stockholm, mais plus on monte les latitudes, plus les paysages deviennent blancs et noirs.

A Kiruna les bagages sont là, le bus pour le transfert vers Abisko, que Sony a eu la bonne idée de réserver, nous attend, la neige est là, et il fait glacial. Tout se passe donc comme prévu.

On contourne Kiruna en bus, avec une vision dantesque sur la gigantesque mine de fer à ciel ouvert, la plus grande d’Europe. Puis on longe le lac de Torneträsk pendant une heure pour finalement arriver à Abisko Turist Station (ATS) vers 16h. La station touristique se résume à un bâtiment central (avec réception, petit magasin, restaurant, chambre d’hôtel), une auberge de jeunesse (le Keron Hostel), des petites maisons mitoyennes à louer, et un camping ; tout cela entouré de bouleaux et avec une très belle vue sur le lac gelé d’un côté et sur les montagnes de l’autre.

On s’installe à l’hôtel dans une chambre simple mais propre, et on décompresse du stress du voyage. Les vacances commencent maintenant, avec une petite promenade dans les environs.

On en profite pour explorer le début de la piste. On a la carte et le GPS, mais voir en vrai est toujours mieux … et on a bien fait, car la première indication trouvée concernant la Kungsleden nous mène sur un chemin étroit en devers et au bord du canyon ! On a beau tenter de se projeter, rien à faire ! Impossible de s’imaginer passer par là avec les skis et les pulkas ! Ça commence bien !  Mais 200 mètres plus loin on trouve la fameuse porte d’entrée de la Kungsleden qui vaut aussi pour la winter trail ; ouf ! On remarque toutefois aussi une grande croix rouge, comme une interdiction de passer ! Etrange.

Les heures bleues s’assombrissent et il est temps de rentrer à l’hôtel, surtout que nos jambes sont rouges de froid, avec nos simples jeans. On découvre aussi le charme de l’ATS, avec ses petites salles cosy, un peu à l’ancienne avec des sofas, un feu de cheminée, des petites tables basses style années 50 ou 60, des bibliothèques et des tableaux. Vraiment charmant et chaleureux.

Le restaurant est du même acabit ; avec en plus une baie vitrée qui donne sur le lac gelé. Il faut réserver pour le souper, afin que la cuisine puisse préparer ce qu’il faut et limiter les déchets. Il n’y a toujours qu’un menu, avec une entrée, un plat principal et un dessert. Nous prenons la totale – cela deviendra une tradition – et découvrons des plats excellents, de grande qualité, servis par des jeunes. Pour nous c’est un restaurant gastronomique.

A 21h10 c’est dodo ! Quelle journée !

Abisko | 26 mars 2019 | beau

Journée de transition avec un déjeuner au restaurant accompagné d’une superbe vue sur le lac en plein soleil. Le buffet est réellement complet ; il y a de tout, du porridge, du salé, du sucré, des confitures de baies, des différents pains, des pancakes, etc… C’est juste dommage qu’il n’y a pas de café italien !

Le ciel est resplendissant, avec d’un côté le lac gelé et de l’autre les montagnes. La neige crisse sous nos pas, et le froid pique nos visages, mais quelle belle journée. Nous allons à pieds jusqu’au village d’Abisko qui se trouve à 2 kilomètres de l’ATS afin d’y faire nos achats de nourriture. Le magasin est aussi un magasin de bonbons, mais il y a tout ce qu’il faut pour les aventuriers, et les autres. Quand nous sommes arrivés à la caisse avec notre nourriture pour deux semaines (barres énergétiques, tortellinis, tortillas, chocolats, snacks salés, etc.) le caissier nous a demandé si on allait faire un trekking ?!?! Tout en nous donnant notre quittance qui devait faire 1 mètre 50 de long.

On en profite aussi pour faire le plein d’essence à la pompe qui se trouve devant le magasin. On a dû s’y prendre à cinq fois pour comprendre les instructions – en suédois uniquement ! – de l’automate. Mais on repart avec nos 5 litres de benzine, prévu pour faire fondre de la neige afin d’obtenir 3 litres d’eau par jour et par personne pour 15 jours en autonomie.

De retour à ATS on teste le buffet à volonté de midi, excellent comme le reste. Plats chauds, spécialités suédoises, salades, pains, jus de lingon, cafés, etc. pour faire le plein d’énergie pour la journée. Les touristes qui sont un peu justes au niveau du budget peuvent profiter au maximum du buffet bon marché de midi, et s’éviter le resto cher du soir !

Après une turbo sieste, on part pour une promenade – sous le soleil – jusqu’au lac qui se trouve à quelques centaines de mètres, et une visite du Nature Museum qui jouxte l’ATS. La fin de l’après-midi est réservée à la préparation du matériel et de la nourriture (maximum d’emballages enlevés, portions mises dans des Zip lock, équilibrage du poids), et au chargement des pulkas. Nous avons loué des Fjellpulken de 144 cm. C’est incroyable ce que l’on arrive à mettre dedans, et heureusement, car le matériel et la nourriture prennent du volume. On estime que nos pulkas pèsent environ 40 à 45 kilos chacune.

Resto et dodo.

Abisko – Abiskojaure | 27 mars 2019 | neige et vent

Départ vers 10h sous un ciel gris, les pulkas sont lourdes et cela se ressent sur les petites montées. La piste est environ un mètre de large et serpente dans des forêts de bouleaux. On retrouve les croix rouges découvertes le jour avant, croix rouges que nous suivrons aveuglément, surtout les jours blancs, car elles indiquent la piste à suivre. Elles sont le symbole de la Kungsleden, mais aussi des Marked Winter Trails.

Il y a du vent et quelques flocons, mais aussi des éclaircies. Le temps change vite comme toujours en arctique. On est bien, on avance, et on commence à dompter les pulkas et les skis. La neige n’est pas trop dure et les skis accrochent bien. Ces forêts de bouleaux sont magnifiques, il n’y a pas d’autre arbre, que ces branches noires sans feuille qui se découpent sur le fond blanc du sol et du ciel. On croise quelques personnes en skis de randonnée nordique (SRN), avec pulkas ou sac à dos, dont une avec des sabots de presque 10 cm sous ses skis, elle marche plus qu’elle ne glisse. La pauvre ! Pas de problème de ce type pour nous ; on touche du bois, car nous n’avons aucun farte pour nos skis ! La plupart des suédois ont des skis de fond (4 à 6 cm de largeur) plutôt que des SRN (8 à 11 cm de largeur), et la différence est importante en termes de portance et d’adhérence.

Dans l’après-midi le vent se durcit et lorsque nous traversons un lac gelé la neige est soufflée horizontalement, nous donnant l’impression d’être Mike Horn au pôle sud ; un des plus beaux spectacles hivernaux que nous ayons vus, avec ce soleil bas sur l’horizon qui se reflète sur la glace, jouant avec ces bourrasques de neige ! Féerique.

Il nous faut une heure pour rejoindre l’autre rive du lac et découvrir vers 16h la cabane STF (Svenska Turistföreningen) de Abiskojaures. On décide, malgré le temps couvert, de planter la tente dans la forêt de bouleaux qui entoure la station, seul endroit pour camper car nous sommes toujours dans le parc national d’Abisko. Quelle histoire pour planter la tente, car on s’enfonce dans la neige fraîche jusqu’au genou ! On doit mettre les raquettes (on avait prévu le coup !), et pour cela nous devons changer de souliers, et tant mieux, car après une journée dans les souliers de SRN hyper serrés, mettre les souliers de raquettes est un vrai plaisir, car ils sont plus souples et chauds. 

La gardienne du STF nous explique que l’eau doit être puisée dans le lac, et nous indique un trou creusé dans la glace environ 200 mètres plus loin.  Un pic, un saut, un entonnoir et nous retournons à la tente avec nos casseroles remplies d’eau fraîche et pure ! On vient d’économiser une heure de fonte de neige sur le réchaud à essence ! Il ne fait pas si froid, et vers 20h, après les habituels tortellinis, et un dernier pipi au « Pissoar », on s’endort avec les hurlements des chiens de traîneaux qui dorment à une dizaine de mètres de la tente. Il commence à tomber de la neige mouillée !

Abiskojaure – Camp de la neige | 28 mars 2019 | neige et vent

Réveil humide, après une nuit de sommeil acceptable, vues les conditions. La tente est mouillée et le vent souffle fort, avec un ciel menaçant. Un suédois qui est parti tôt le matin a rebroussé chemin et est revenu au STF, il nous informe qu’il devait faire la piste et que sur le haut du col le vent est terrible. Il préfère attendre demain et retenter le trajet. Il faut dire que le prochain STF est à environ 20 km et que cela signifie plus de 8 heures de trajet, en situation normale ! On informe la gardienne que nous tentons le départ, aussi parce que nous planifions de camper dès que nous ne pourrons plus avancer. Elle est rassurée de nous savoir équipés.

On part, toujours entourés de nos immuables bouleaux et sortons du parc naturel pour amorcer une grimpée vers notre premier col. Sony met les peaux, alors que Reno, têtu, s’évertue de grimper sans, sur une neige devenue dure avec le vent et le froid. On débouche sur une longue vallée protégée du vent ; avec un jour blanc, il est impossible de différencier le sol du ciel, alors on suit aveuglément et indéfiniment les croix rouges. Hypnotisant !

Arrivé au fond de la vallée, et après un dernier petit col, on débouche sur un plateau où le vent se met de nouveau à être terriblement fort. On décide de s’arrêter et de chercher – désespérément – un abri. On trouve finalement une petite butte avec un jeune bouleau. On creuse la neige afin de créer un plateau sur lequel planter la tente. On sort toutes nos sardines à neige et nos ancres, car le vent se renforce encore. La tente est protégée par la butte, prolongée par un mur en blocs de neige. 

A 20h on se met dans les sacs de couchage, au milieu d’une tempête de neige. Vers 22h30 Reno se tourne dans son sac et touche le bord de la tente. Et là il sent la masse compacte de la neige qui s’est accumulée à côté de la tente sur 50 cm ! En deux heures ! Avec le risque de l’écraser. Reno doit sortir dans la tempête et dégager la tente. Il décide ensuite de mettre un réveil pour deux heures plus tard, pour à nouveau dégager la tente …

Camp de la neige – Camp de la tempête | 29 mars 2019 | neige et vent

… et il se réveille le lendemain (pour avoir mis son réveil à 12h30 au lieu de 00h30 !). Heureusement la tempête de neige s’est calmée, mais elle a quand même recouvert les pulkas et bien emprisonné la tente.

On est au-dessus de la limite des arbres, et le paysage se résume à du blanc, des croix rouges et quelques rares rochers noirs. Le jour blanc par excellence, avec tous ce que cela implique de désorientation. On comprend pourquoi les croix rouges sont mises chaque 20 mètres !

On aperçoit finalement un peu de soleil vers midi lorsqu’on arrive à Alesjaure ; un STF central, modern et grand, idéalement situé sur un promontoire rocheux avec vue sur un lac gelé (un de plus) et sur la vallée qui continue vers Tjäktja.

On décide de s’y arrêter pour se réchauffer et se mettre à l’abri pour pique-niquer, ce que l’on n’a pas pu faire les deux jours précédents, qui se sont résumés à des barres énergétiques. On est super bien accueilli avec un jus de lingon chaud. Puisque nous sommes membre du STF nous avons un accès libre aux toilettes et aux cuisines des dortoirs. 

Il est trop tôt pour s’arrêter, alors on repart dans le jour blanc et le vent pour encore quelques heures, afin de nous rapprocher le plus possible de Tjäktja. Mais la tempête de neige se renforce, et la température chute ; on décide de s’arrêter après une heure de marche. Il n’y a aucun endroit pour mettre la tente à l’abri, alors on l’installe au milieu de nulle part, avec comme seul rempart le mur en bloc de neige d’environ 80 cm de haut construit sur deux côtés de la tente, en espérant que le vent ne tourne pas !

Au lit à 19h30 avec un vent terrible qui secoue la tente dans tous les sens. On s’endort inquiet.

Camp de la tempête – Alesjaure | 30 mars 2019 | tempête

A notre réveil la tempête est toujours présente et aussi intense. Le vent est terrible et la tente plie. Le mur de neige a bien rempli son rôle, mais il est 30 cm trop bas, et la congère créée par la neige contre le mur a formé une rampe de lancement pour le vent qui frappe avec une violence folle le sommet de la tente !

Impossible dans ces conditions de plier la tente sans risque de la perdre ou de la déchirer. On décide d’attendre que la tempête se calme. Reno sort pour enlever la neige qui s’est accumulée entre le mur et la tente et qui commence déjà à la recouvrir.

Et la tempête dure, dure, dure toute la journée. Reno sort de temps en temps pour enlever la neige qui s’accumule, mais autrement on reste dans les sacs de couchage en espérant que la tente tienne le coup. On est en mode évacuation d’urgence : l’essentiel est prêt dans un sac, on est habillé, le GPS autour du cou, les gants, lunettes de ski et bonnets à portée de main … au cas où !

Heureusement qu’on a creusé, comme toujours, un puit froid dans l’abside afin d’être plus à l’aise et de pouvoir faire nos besoins sans sortir.

On a déjà abandonné l’idée de continuer aujourd’hui vers Tjäktja. Si rien ne se passe avant 17h, on passera une deuxième nuit ici en espérant une accalmie durant la nuit pour pouvoir se reposer sans sortir dans la tempête chaque deux heures pour enlever la neige.

A 16h Reno sort et observe une légère accalmie, le vent est toujours fort et la neige frappe la tente, mais la visibilité est un peu meilleure par instant.

Il rentre rapidement dans la tente et dit à Sony « On bouge ! On retourne à Alesjaure ». On met le plus vite possible toutes les affaires dans les sacs, sans trop réfléchir au rangement. Le plus important est de ne pas rater la fenêtre météo ! Tout le matériel est mis tel quel dans les pulkas et on décide – après discussion et évaluation – de quand même prendre le risque de démonter la tente. On avait envisagé l’option de la laisser là pour éviter qu’elle s’arrache en la démontant, mais elle aurait certainement été détruite durant la nuit par l’accumulation de la neige. Alors on la prend avec ! Heureusement elle est montée dans le bon sens par rapport au vent et on peut enlever les arceaux sans enlever les sardines qui retiennent la tente, et la démonter ainsi petit à petit avec Sony qui se couche dessus et Reno qui creuse la neige pour trouver et enlever les sardines une à une. Finalement la tente (avec probablement quelques kilos de neige) est chargée dans une pulka et on part vers 17h30 en raquette avec tout le matos, direction Alesjaure.

Le vent est toujours aussi fort mais il est de dos et nous pousse. On est emmitouflé dans nos parkas, nos grosses moufles et nos bonnets. On est obligé de mettre nos lunettes de ski pour trouver les croix rouges, et donc le chemin.

Juste avant Alesjaure il y a un raidillon terrible, on tire nos pulkas avec peine, mais heureusement avec les raquettes cela passe et on se met à l’abri dans le STF vers 18h30. Et on n’est pas les seuls randonneurs, car dehors la tempête redouble d’intensité et tout le monde cherche un refuge. On a pris la bonne décision et on a tout notre matériel. On décompresse pour la première fois depuis 24 heures.

Le gardien nous accueille avec le traditionnel jus de lingon, et après les explications sur le fonctionnement du site, nous attribue deux places dans un dortoir avec 6 autres personnes. On s’installe, on mange nos tortellinis en écoutant attentivement les instructions de sécurité et d’évacuation en cas d’incendie et dodo vers 21h. On est épuisé.

Alesjaure | 31 mars 2019 | temps changeant, soleil, puis neige et toujours du vent

La nuit a été paisible. Reno a juste dû, vers minuit, s’habiller des pieds à la tête, avec parka, bonnet, gants, etc., et braver la tempête pour aller aux toilettes qui se trouvent à environ 100 mètres du dortoir. Toilettes qui se résument à 4 box avec un trou donnant sur la production des années précédentes. En pleine tempête on est bien à l’abri du vent dans le box, sauf quand on ouvre le trou et que le froid glacial vient d’en bas ! Même avec la lunette en sagex (pour éviter d’avoir les fesses gelées), on n’y reste pas longtemps.  

Le vent souffle toujours, mais on se lève avec le soleil, la vue est magnifique, le ciel est d’un bleu limpide. On décide de prendre un jour de repos pour nous comme pour le matériel. On grimpe faire des photos panoramiques depuis un petit promontoire. Le site est composé d’un bâtiment principal (avec le mini magasin, une salle à manger et un espace de vie pour les trois gardiens) ; de trois bâtiments avec chacun 4 dortoirs (pouvant accueillir une vingtaine de personnes au total), une cuisine et une salle de séchage ; des toilettes à l’extérieurs ; un sauna ; une remise pour le bois ; et une cabane pour les gardiens.

Après le déjeuner dans la salle commune, on décide de mettre en pratique les règles de fonctionnement des cabanes STF de Suède ; car il faut savoir que ces cabanes, qu’elles soient grandes ou petites ne sont pas connectées : pas de réseau, pas d’électricité, pas de canalisation, pas d’eau courante.

Les 4 règles les plus importantes sont les suivantes :

  • Le bois pour le chauffage (uniquement du bouleau) doit être pris dans une remise où il est entreposé coupé à 1 mètre ; il faut donc le scier et le fendre pour qu’il passe dans les petits fourneaux à bois qui se trouvent dans les chambres et la cuisine.
  • L’eau pour la cuisine doit être puisée à la rivière où un trou dans la glace a été creusé. Des bidons de 25 litres, un seau, un pic à glace et un entonnoir sont à disposition.
  • L’eau sale (de la vaisselle) doit être versée dans des seaux spéciaux et être jetée dans un réservoir près des toilettes qui se trouvent dehors.
  • Quand on part on doit laisser le refuge comme on l’a trouvé : rangé, propre, avec du bois et de l’eau, pour les prochains voyageurs.

On passe donc la matinée à profiter du soleil, à couper du bois, à descendre à la rivière, à manger, à sécher la tente, les sacs de couchages, les souliers. On voit un couple de musher qui arrive avec leurs deux traineaux tirés par des chiens. Ils installent les chiens en bas du promontoire. Quel travail ! Le couple doit monter plusieurs fois vers le STF afin de chauffer des dizaines de litres d’eau pour dégeler la nourriture des chiens.

Après la mini sieste, la neige tombe à nouveau, mais le vent n’est pas trop fort. On en profite pour préparer et ranger les sacs pour le lendemain.

Le soir on ne résiste pas à profiter du sauna suédois. Il est un peu en bordure du site, avec vue sur les chiens qui dorment paisiblement, presque recouverts de neige ! Il commence vers 17h pour les femmes uniquement, puis seulement pour les hommes, et enfin vers 20h pour les deux. Evidemment il faut être attentif au passage à l’heure d’été sinon on risque de se retrouver, comme cette jeune suédoise, dans la période réservée aux seuls hommes ! Elle en rigolait encore des heures après !

Le sauna est essentiel, car il n’y a pas de douche dans les dortoirs ; il est donc l’unique moyen de se laver. Tout est chauffé au bois, y compris le grand bac dans lequel on puise l’eau pour se laver, avant d’entrer dans le sauna chauffé avec un grand poêle à bois. Reno sort dans la neige entre les deux séances pour se rafraichir, il vente un peu et il doit faire environ moins 10 degrés.

On se glisse dans nos sacs de couchage vers 22h ; on est propre et reposé, les affaires sont sèches et rangées ; on est prêt pour repartir serein demain matin. 

Alesjaure – Camp du Silence | 01 avril 2019 | temps couvert, puis neige

Après une journée de repos, pour beaucoup de voyageurs comme pour nous, c’est l’heure du départ. C’est un peu le bronx avec tous ses sacs, ces vestes, ces skis, ces pulkas, ces souliers. On décide de ralentir afin de partir en dernier, après avoir participé au rangement, nettoyage, stock de bois et eau fraiche.

On a revu nos plans. On voulait initialement descendre la Kungsleden vers Teusajaure, mais cette tempête et ce jour de repos, nous poussent plutôt à revenir sur nos pas afin de rejoindre le STF de Unna Allakas, puis de continuer vers le nord. Cela ne nous a jamais ennuyés, même à vélo, de faire des allers-retours, car le paysage est toujours différent dans l’autre sens, et si à cela on ajoute une météo changeante, c’est comme un nouveau trajet !

Le ciel est un peu gris, mais sans vent ; donc dans un silence parfait. Une journée zen, pas de pente, pas d’effort, juste tirer la pulka et apprécier le paysage et le silence ; ainsi que le passage au loin à travers la plaine de ce que l’on croit être un lynx.

Il y a étonnement beaucoup de gens, et même des grands groupes, ce qu’il n’y avait pas quand on a fait ce trajet il y a 5 jours. On réalise maintenant que la Kungsleden est très courue ; trop courue pour nos goûts. On a croisé des gens à pied (!!), en raquettes, à skis. Même dans la wind shelter … où on a fait une pause il y avait 5 personnes. Cela nous conforte dans notre choix de quitter la Kungsleden.

Il y a quelques flocons qui nous accompagnent vers la fin de la journée, mais rien de grave, au contraire, sans vent, ces flocons tombent avec douceur et volupté, rendant encore plus paisible cette belle journée. Après la descente, on décide de camper en bordure du parc national que nous avons quitté il y a quelques jours. On décide de s’éloigner un peu du sentier et on trouve un beau petit plateau entouré de quelques bouleaux, avec vue sur la montagne Giron. On installe la tente, et toujours pas de vent. Le silence, les heures bleues et le froid glacial rendent cette soirée magique.

Camp du Silence – Camp des Montagnes illuminées | 02 avril 2019 | temps couvert

Peu après notre départ, on quitte la Kungsleden pour remonter la vallée Gamaeatnu Kamajakka. On craignait un peu les motos neige en empruntant cette piste, car elle est indiquée sur les cartes comme étant aussi pour elles ! Mais non, on en a croisé quelques-unes, mais rien de tragique ; et le reste du temps on est seul. Il n’y a personne, et on remonte la vallée en traversant des forêts de bouleaux, car on est à nouveau en « basse altitude ». On essaye dans la mesure du possible de faire la trace dans la poudreuse, plutôt que de suivre une trace existante, surtout celles des motos neige qui transforment la piste en tôle ondulée, c’est plus fatiguant, mais plus doux. On ne voit pas beaucoup le soleil, mais la journée est très agréable, avec un léger vent. En fin d’après-midi on installe le campement sur une petite colline au milieu de la vallée avec une belle vue sur le fond de celle-ci et les montagnes. La neige est toujours aussi immaculée et c’est impressionnant de voir de si grandes étendues sans aucune trace, rien, pas d’aiguille, de feuille, de trace d’animaux, rien ; juste du Blanc ! Le coucher de soleil nous offre de magnifiques couleurs sur les montagnes, un mélange de bleu foncé et de rose ; et tout cela sans vent, et donc dans un silence envoutant.

Camp des Montagnes illuminées – Unna Allakas | 03 avril 2019 | temps changeant

La nuit a été froide et Reno est sorti faire son pipi de minuit sous un ciel étoilé, et a donc pu admirer une petite aurore boréale. Mais elles sont toujours plus belles en photos qu’en vrai ; c’est aussi pour ça que Sony n’est pas sortie de son sac de couchage. Mais il faut dire qu’il faisait moins 12 degrés. Les aurores boréales sont comme des nuages verts, mais la couleur est floue et vaporeuse, moins contrastée qu’en photos.

Le beau temps se maintient le matin, et cela nous permet, dans une ambiance glaciale, de voir la beauté de la vallée sous un ciel bleu resplendissant. Déjeuner, photos et départ. On continue de remonter la vallée, toujours aussi seul. Il y a un peu moins d’arbres et on profite pour faire la trace. Avec le soleil viennent les ombres ! Le paysage est moins contrasté et le blanc, le noir et le bleu se déclinent en plusieurs intensités.

On croise deux scooters de secours et on entend un hélicoptère. C’est de mauvais augure !

Vers midi le temps devient à nouveau gris, mais la température pour faire la trace est excellente, quel plaisir. Pas de vent, et légère montée.

En pilotage automatique on entend au dernier moment arriver derrière nous 5 traîneaux à chiens. C’est beau de les voir tirer les traîneaux, la langue dehors. Ils profitent de la piste laissée par les scooters de secours. Alors que trois touristes à skis (un couple, et ensuite un petit vieux) ont profité de la belle trace lisse et bien tassée que nos deux pulkas chargées font dans la poudreuse, pour nous dépasser.

On décide de profiter du STF de Unna Allakas, car les endroits pour camper ne sont pas nombreux, et c’est la dernière cabane de notre périple, ensuite il n’y en aura plus. D’autre part nous devons nous arrêter maintenant car nous nous trouvons au pied d’un col que nous devrons grimper demain.

Le site est composé – comme d’habitude – de la cabane de la gardienne, d’un sauna, de toilettes et d’une cabane avec dortoirs. Autant Alesjaure était moderne et grand, autant Unna Allakas est petit et rustique ; mais les règles de fonctionnement sont les mêmes.

La cabane est pleine, et nous retrouvons les mushers et les personnes qui nous ont dépassé (et qui nous remercient pour la trace que nous avons fait !). Il fait trop chaud, le fourneau fonctionne au maximum et la gardienne, Inga, doit demander de ne plus mettre de bois. Il y a même des gens en petite tenue, tellement il fait chaud ! On est une trentaine, dans quatre dortoirs. La gardienne nous installe dans le plus petit, pour 4 personnes. Nous y croisons une jeune suédoise (qui doit avoir 15 ans tout au plus) et qui voyage seule ! L’espace commun est envahi par les gens qui arrivent et par ceux qui commencent déjà à préparer le repas et à se chauffer de l’eau. La gardienne est un peu dépassée par les événements, car d’autres personnes arrivent alors que les dortoirs sont déjà pleins. Dehors il commence à neiger. Une personne âgée est alors mise dans notre dortoir, obligeant la jeune suédoise à changer de couche. On pense alors pouvoir s’installer, mais il y a ensuite deux voyageuses avec deux chiens qui arrivent à la cabane, et puisque le mot d’ordre est que personne ne dort dehors, on doit trouver de la place… Finalement la jeune suédoise, un peu allergique aux chiens, s’installe par terre dans l’espace commun alors qu’une des dames s’installe dans notre dortoir avec les deux chiens, obligeant Sony à changer de couche … Quel amusant et sympathique bronx ! Tout cela se fait dans une ambiance bonne enfant, surtout quand on voit le vent qui se lève dehors.

Les mushers monopolisent les cuisinières à gaz pour chauffer les dizaines de litres d’eau pour la nourriture des chiens, quel travail. Ils sont encore actifs pendant deux heures pour les chiens, avant de penser à eux.

Tout le monde s’inquiète pour la météo de demain, car la tempête semble se lever à nouveau. La gardienne nous dit que les secours qui sont intervenus plus tôt (les mêmes que nous avons croisé sur la piste) pour un randonneur âgé qui se sentait mal ont annoncé du beau temps pour les prochains jours ! On espère. D’habitude Inga est informée de la météo en écoutant la radio. Mais vu que la réception ne lui permet de comprendre qu’un mot sur 4, les prévisions sont un peu hasardeuses. On a donc de la chance ce soir.

La gestion du sauna est aussi chaotique que le reste. Les horaires ont dû changer 4 fois ! A la fin on ne savait plus quand on pouvait aller pour la séance mixte ! Mais on voulait vraiment en profiter, aussi parce que nous avons fait 4 voyages pour aller chercher l’eau à la rivière, et le bidon de 25 litres n’est pas léger !

On décide d’abord de manger pour ensuite aller au sauna. Puisque c’est la séance mixte, on prend nos caleçons de bain. On se change dans un minuscule espace, et quand on veut entrer dans le sauna, on voit rapidement que tout le monde est nu, les femmes comme les hommes, alors, comme si de rien n’était, et discrètement, on fait un pas de retrait et on enlève rapidement nos caleçons. Le sauna est plein avec trois hommes, la jeune suédoise, et nous ; il faut dire qu’il n’est pas grand, mais il est super chaleureux et on apprécie. On est toutefois surpris de voir que les suédois boivent toujours de la bière dans les saunas, il y a même une poubelle pour les canettes ; une tradition étrange ! Reno fait une petite sortie dehors dans la neige. Quand on quitte le sauna, impossible de se sécher, tout est tellement humide à cause de la vapeur ; on fait au mieux et on brave la tempête qui s’est levée pour rejoindre la cabane, et hop au lit. Les deux chiens qui partagent notre dortoir dorment comme des anges, mais il y a quand même une légère odeur de chien humide qui monte aux narines de Reno qui dort à l’étage au-dessus d’eux.

Unna Allakas – Camp du – 20° | 04 avril 2019 | neige le matin, ensuite beau soleil

Tout le monde se lève plus ou moins en même temps, et les deux tables sont vite pleines d’assiettes, de bols, et de tasses, avec une ruée sur les plaques de cuisson pour chauffer l’eau pour les thermos. Il y en a même qui font griller du bacon, et qui en profitent pour faire sonner l’alarme incendie à cause de la fumée ! Le graillon mélangé à notre muesli n’est pas des plus agréables. Et dehors il neige ! Nous rencontrons une jeune suédoise, une de plus, qui voyage seul en SRN et pulka avec son chien et qui est partie du sud, il y a 31 jours ! Respect !

Nous partons en raquette, car nous savons que la première partie de la journée sera en montée. Il continue à neiger. La suédoise avec son chien nous dépasse rapidement et grimpe comme une flèche. Elle est suivie, quelques minutes plus tard, par la jeune suédoise qui voyage seul en ski de fond et sac à dos. Elle aussi entame la montée à un rythme soutenu. Nous sommes les seuls 4 voyageurs à emprunter cette piste qui serpente à travers les montagnes pour rejoindre Katterjakk. Nous ne les reverrons plus, mais nous suivrons leurs traces, nous facilitant quelque peu la montée. Et nous en avons besoin, car ça grimpe, et ça grimpe et ça grimpe sans arrêt.

En haut de la première montée nous avons échangé les raquettes pour les SRN, et Sony a mis les peaux. Reno, têtu, continue à s’épuiser sans les peaux, et à tirer la pulka en biais sur des pentes impossibles. Sony l’a depuis longtemps dépassé. Il mettra les peaux lui aussi bien plus tard, et réalisera toute la différence que cela fait dans les montées.

On passe les cols les uns après les autres, et on s’enfonce entre les montagnes, on se croirait dans les alpes valaisannes : il n’y a que des rochers et de la neige, des congères, des vallées profondes que nous remontons après chaque col. Magnifique, et tout cela sous le soleil qui est arrivé et qui ne nous quittera plus de la journée. La neige immaculée et poudreuse n’est – pour l’instant – que marquée par les élégantes traces rectilignes de nos deux suédoises et en S du chien qui court autour d’elles.

Après une petite pause dans un wind shelter (où nous mettons nos noms dans le livre de la cabane – important pour pouvoir être retracés au cas où …), nous longeons un grand lac (reconnaissable au fait que les croix rouges au bord du lac sont remplacées par des piquets en bois lorsque la piste passe sur l’eau), et là nous entendons derrière nous le bruit caractéristique des motos neige qui traversent le lac, et nous dépassent dans un fracas de bruit, et d’odeur de gasoil. Elles détruiront à jamais les belles traces que nous suivons.

Une heure plus tard nous installons notre campement sur le plus beau site de notre voyage : un petit plateau au milieu de nulle part, avec vue sur un lac gelé entouré de pics escarpés. Le soleil est encore bien présent et on apprécie ses derniers rayons, surtout que l’on sent la température descendre. On a installé le thermomètre à l’ombre, et il fait déjà -4°. On mange sous la tente, et quand le dernier rayon de soleil disparait derrière la montagne et que les heures bleues s’installent, la température chute en quelques minutes, -8°, -9°, -10°, … Il va faire froid cette nuit, et on est content d’avoir pris deux sacs de couchage chacun, dans lesquels on se réfugie.

Camp du – 20° –  Camp des motoneiges | 05 avril 2019 | beau

Il a fait froid cette nuit, – 20°, lorsque Reno est sorti faire pipi emmitouflé dans le maximum d’habit, quelle aventure ! Mais cela valait la peine, non seulement parce qu’après il s’est remis au chaud et a dormi comme un bébé, mais aussi parce qu’il a pu admirer une superbe aurore boréale, accompagnées d’un beau ciel étoilé. Tous cela pris en photos avec des moufles.

On se lève avec le soleil, resplendissant, et on repart, et on monte, et on descend, et on monte, et on descend, passant d’une vallée à l’autre avec toujours ce paysage de montagnes et ce ciel d’un bleu vif. Mais il y a malheureusement de plus de plus de ski-doo. On réalise qu’on se trouve au milieu de leur terrain de jeu, avec dans chaque vallée que l’on traverse, des pentes magnifiques, abruptes, avec une neige poudreuse, sans rocher, des vraies surfaces propices à toutes les folies. Si on était fan de ski-doo c’est ici que nous aimerions être … Mais nous sommes fans de ski de randonnée nordique, synonyme de silence, d’isolement et de surface de neige immaculée. Nous ne pouvons donc que regretter, et le mot est poli, ces destructeurs de sérénité, ces « balafreurs », ces pollueurs. Heureusement ils ne sont pas toujours là.

On rejoint le deuxième wind shelter du trajet, avec un téléphone en cas d’urgence, car nous sommes vraiment loin de tout, le prochain point habité est à plus d’un jour de marche.

Et on continue de remonter les vallées, toujours sous un ciel bleu, mais avec un peu plus de vent, signe qu’il est temps de chercher une place pour la nuit. On plante la tente derrière un minuscule rocher plus symbolique qu’autre chose, mais avec le mur de neige que Reno construit, comme chaque soir, nous sommes bien protégés. Il a même cette fois construit un petit coin pour que nous puissions faire nos besoins à l’abri du vent.

On admire le coucher de soleil, dans un beau silence de début de soirée… sans les ski-doo qui sont bien au chaud chez eux.

Camp des motoneiges – Camp du 06 avril | 06 avril 2019 | beau

Encore une belle nuit froide avec une étrange aurore boréale et son ciel étoilé. Le paysage souhaite joyeux anniversaire à Sony avec soleil et absence de vent. Reno fabrique un petit banc en neige pour un déjeuner silencieux (les ski-doo ne sont pas encore là) avec vue sur la vallée. On aurait voulu y rester encore une nuit, pour profiter du paysage, se reposer, et fêter dignement l’anniversaire de Sony, mais on sait que les motos-neige vont arriver. On s’est accordé une grasse matinée et on se relaxe au soleil, tranquille, car l’étape de la journée est courte.

Peu après le départ on rejoint Gatterjavri, un grand lac gelé, au bord duquel on fait une pause. On se rend compte que l’on est proche du village, car il y a plus de randonneurs et de familles en motos-neige utilitaires. Là on est interpellé par un gars qui nous raconte qu’un chien le suit depuis quelques heures et qu’il ne sait pas à qui il est. Il nous demande, puisqu’on est à ski, si on peut le prendre avec nous jusqu’au village ? Il faut savoir que Reno désire un chien depuis toujours alors il l’adopte sans se poser de question et le baptise Nero. Mais l’histoire d’amour n’aura pas duré longtemps, 20 minutes plus tard, Nero part à la recherche d’un nouveau maître !

On rejoint le bas des pistes de ski de Katterjakk, une station qui se résume à une gare, un camping, un hôtel, quelques maisons, et 2 ou 3 remontées mécaniques de type « tire-fesse ». Les conditions pour du ski de piste sont exceptionnelles, neige froide, ciel bleu, pas trop de skieurs. Ces derniers arrivent principalement en train avec un tire-fesse directement depuis la gare !

On a vu sur la carte qu’il y a à quelques centaines de mètres du village une vallée réservée aux randonneurs, et interdite au ski-doo. C’est une réserve naturelle, alors on décide de mettre la tente en bordure sur un promontoire avec vue sur le village d’un côté et sur la vallée de l’autre. Où mettre la tente ne fut pas une mince affaire, entre le vent, le soleil, et la pente ! On décide de construire le camp pour deux nuits, car la vue et le site sont magnifiques.

Régulièrement au loin on voit passer un train noir sans fin qui transporte du mirerai de fer de Kiruna vers Narvik en Norvège. On dirait un immense ver noir qui serpente dans un paysage immaculé.

Pour fêter l’anniversaire de Sony on décide de manger nos portions de secours (penne a la bolognese), cela nous changera des tortellinis ; sauf que Sony a mis un litre d’eau dans son sachet à la place de 2.5 décilitres. C’est devenu de la soupe fadasse … Le cadeau de Reno a été de se sacrifier et de la manger. Il parait que les pâtes avec la juste quantité d’eau étaient excellentes.

Camp du 06 avril – Vassevaggi | 07 avril 2019 | beau, puis couvert

Il a neigeoté cette nuit, et le ciel est un peu couvert, mais on a bien dormi car il n’y a pas fait trop froid. On déjeune tranquille et on apprécie le fait de ne pas devoir démonter la tente.

On décide de passer cette journée à remonter la vallée qui nous ouvre ses bras : neige immaculée, pas de bruit, juste les montagnes et nous … et quelques autres randonneurs. C’est la première fois que nous sommes sans les pulkas ; on a l’impression d’être tout léger. Cela nous rappelle beaucoup nos voyages en vélo quand nous abandonnons pour une journée nos lourdes sacoches !

Le ciel est à nouveau d’un bleu limpide qui fait encore plus ressortir la hauteur des montagnes qui nous entourent. On a mis environ 2 heures 30 pour remonter la vallée jusqu’à sa source, un cirque de montagnes, majestueux. Un grignotage et on doit déjà redescendre, car le temps se gâte et il n’y a plus grand monde ! Mais nous avons laissé un mot dans la tente indiquant notre projet du jour, au cas où …

Avant de retourner à la tente, nous passons à la gare pour nous renseigner sur les trains, car nous devons rentrer sur Abisko le lendemain. Il n’y a aucun guichet, aucun automate, rien qui nous renseignerait sur la manière de prendre le train avec deux immenses pulkas … Finalement une dame sort du camping et nous indique que les billets doivent se prendre directement dans le train et que si nous arrivons à porter les pulkas dans le train cela devrait aller … Pas très rassurant, mais nous n’avons pas le choix.

On remonte sur notre promontoire, épuisé, pour un grand dodo.

Camp du 06 avril – Abisko | 08 avril 2019 | couvert, puis beau

Debout vers 7h30 sous un ciel gris, car nous avons le train à 11h46, et ce sera certainement un peu stress ! Après avoir paqueté le tout, dit au revoir à notre coin, et filmé une dernière fois le photogénique passage du train au loin, on rejoint la gare.

Puisque nous allons devoir embarquer tout le matériel nous-même, on décide de tout mettre sur les pulkas, y compris les skis et les raquettes. Ensuite on s’installe dans la salle d’attente … surchauffée.

Le train arrive enfin sur l’unique quai et la contrôleuse nous indique que normalement on ne peut pas prendre les pulkas, mais que vu les circonstances, c’est toléré. Nous devons porter les pulkas dans le train. Elles sont terriblement lourdes et nous les montons à deux avec peine, mais il n’y a pas de place pour les mettre couchées et nous devons donc les tenir debout dans un coin du corridor, pas réellement pratique, mais nous avions heureusement prévu le coup lorsqu’on a accroché les skis dessus. On s’installe debout proche d’une fenêtre, et le train démarre. Aucune remarque des passagers qui doivent se faufiler entre les pulkas et la paroi, ils doivent avoir l’habitude de ce genre de chargement, nous ne sommes certainement ni les premiers, ni les derniers, à voyager comme cela.

Et on admire le paysage, le train longe le lac Torneträsk et traverse des forêts de bouleaux. On entraperçoit les petites maisons en bois qui sont tractées sur le lac gelé et dans lesquelles les habitants peuvent directement creuser un trou et pêcher, bien au chaud. Jetez un œil aux photos qui ornent le corridor qui mène aux WC de l’IKEA d’Aubonne la prochaine fois que vous y allez !

Le trajet dure 25 minutes et on relaxe en admirant les lueurs bleues et roses sur le lac gelé et les montagnes qui l’entourent.

Arrivé à Abisko Turist Station, on monte la tente au milieu des bouleaux dans le camping prévu pour cela, car on veut encore profiter deux jours de ce type d’hébergement. Le camping n’est pas officiellement ouvert en hiver, mais on peut y planter la tente. Les communs se trouvent par contre à l’auberge de jeunesse du site (le Keron Hostel), à environ 400 mètres. Il n’y a personne, mis à part un allemand qui a planté sa tente il y a un mois et qui va y rester encore quelques semaines pour écrire un livre. Etrange personnage ! C’est la seule fois que Reno n’a pas pu creuser de puits froid dans la tente, car après quelques centimètres on se trouve directement sur le sol gelé.

On va faire les commissions pour deux jours à Abisko village et le soir on décide de profiter de la cuisine du Keron Hostel, aussi accessible aux campeurs. Il n’y a presque personne, et c’est super bien organisé, moderne, chaud, propre, avec une baie vitrée qui donne sur le lac, on en profite. Ce soir les tortellinis sont accompagnés de Kjötbollur et de piselli. On se régale. Puis dodo.

Abisko | 09 avril 2019 | temps changeant

Aujourd’hui, récupération active. Après un déjeuner au Keron Hostel, dont on apprécie le confort … on prend les skis pour un tour de 10 kilomètres sur une piste parallèle à la Kungsleden. On commence confiant à grimper sans les peaux, mais quand on voit une suédoise – encore une – nous dépasser comme une flèche, on décide de « peauter ». On n’aura croisé personne d’autre durant les 3 heures 30 de promenade sous le soleil. On voulait faire une petite pause de midi en haut du col, mais dès que l’on quitte la piste sans les skis, on s’enfonce de 50 centimètres … on mangera une barre énergétique debout sur les skis !

De retour à Abisko Turist Station, on prend une douche au Keron Hostel avant de profiter de son sauna, hommes et femmes séparés.

Lors du repas du soir dans la cuisine du Keron, on aperçoit par la baie vitrée un beau couple de lièvre blanc qui sautille et court en bordure de forêt. Difficile de les voir tellement leur camouflage est efficace.

On avait pris trop d’essence durant notre périple et on se retrouve donc avec 2 litres dont on ne sait que faire. Alors on les met dans des bouteilles en PET à disposition des prochains randonneurs qui en auraient besoin.

Ce soir c’est notre dernière nuit sous tente.

Abisko | 10 avril 2019 | beau

Il a fait froid pour cette dernière nuit, comme si la nature voulait que l’on en profite encore quelques jours, mais ce soir nous dormirons dans un vrai lit à l’hôtel !

Mais avant cela on veut aller sur l’île qui se trouve au milieu du lac gelé, juste en face d’ATS et qui nous tente depuis le premier jour. On s’est renseigné hier auprès du guide disponible chaque matin et soir pour les randonneurs, et il ne devrait pas y avoir de problème, la glace est assez solide.

Il fait toujours aussi beau lorsque nos skis touchent la glace. Cela fait bizarre de se dire que sous nous il y a environ 300 mètres de profondeur ! Le paysage est magnifique et nous sommes toujours dans la réserve naturelle d’Abisko, interdit aux ski-doo … ce qui n’est évidemment mais malheureusement pas respecté !

Le soleil tape, mais il fait froid, très froid ! C’est comme si on marchait sur un immense glaçon qui se trouve dans un congélateur ; mais que c’est bon, on adore ! Dès que l’on aborde l’île, le froid qui vient du dessous est coupé et la température devient meilleur, on sent directement la différence d’un mètre à l’autre.

Il y a beaucoup de trace de lièvres sur l’île, mais on n’en voit pas. 

De retour au camp, on profite du buffet de midi pour goûter aux saveurs suédoises, puis rangement de la tente, check-out du camping, check-in de l’hôtel, retour des pulkas, pour finir par un moment de relaxation au soleil à l’abri du vent sur la terrasse. Le pied !

Après le repas (gastronomique) pris au restaurant de l’hôtel, on profite de son sauna mixte. On se retrouve avec un garçon et deux filles, nus ! Donc nous aussi ! On ne saura jamais quelle est la vraie règle, mais tant pis, ou tant mieux, on s’adapte.

Dodo bien mérité !

Abisko | 11 avril 2019 | couvert

Grasse matinée, déjeuner et début de rangement, car nous partons le lendemain. Le ciel est gris et le beau temps est terminé, mais on a été gâté, on n’aurait jamais imaginé avoir autant de soleil. Merci à Týr !

On profite de cette dernière journée pour faire une petite promenade vers le village Sami (quelques habitations reproduites, au milieu d’une forêt de bouleaux) un peu « triste », mais qu’est ce qui n’est pas bof en hiver sous un ciel gris !

Après le traditionnel buffet de midi, on enregistre un chant Sami dans le sous passage qui mène à la Kungsleden, Sony fait quelques macros d’écorces de bouleaux, un dernier Sauna, du shopping dans le petit magasin de l’hôtel, une petite sieste, les cartes postales, un dernier souper au resto avec vue sur le lac, et c’est tout.

Abisko – Lausanne | 12 avril 2019 | temps changeant

On se lève vers 8h pour être prêt pour le transfert vers Kiruna à 10h. Heureusement il y a un pèse bagage à disposition des touristes, car nous avons dû au dernier moment équilibrer le poids dans les 3 grands sacs pour les limiter à 23 kg.

On a pu profiter une dernière fois de la beauté des paysages enneigés de la Suède et du lac durant les 2 heures de trajet. C’est la seule fois en deux semaines que nous voyons un élan, simplement couché au bord de la route … c’est quand même grand comme bête ! Plus on se rapproche de Kiruna, plus le ciel est bleu, et la végétation change, on passe des bouleaux éparses, à des forêts de pins.

A l’aéroport, on utilise pour la première fois, avec une certaine appréhension (vu nos bagages) les bornes informatiques de check-in; et étonnement, c’est simple, intuitif, claire et pratique ! Reno voit ensuite, mais trop tard, que les Zippo sont formellement interdits dans la cabine … c’est écrit, il y a même un Zippo en exemple et des panneaux qui rappellent cela avant le contrôle ; plus claire que cela on ne peut pas. Et Reno passe le contrôle sans problème, avec un Zippo dans son sac ! Alors que Sony doit subir un contrôle en règle, alors qu’elle n’a rien, si ce n’est des barres énergétiques ! Comme quoi …

A Stockholm, on doit changer d’avion et de terminal, on court, heureusement sans bagages, et Reno passe une nouvelle fois les contrôles avec son Zippo.  Quel stress !

On arrive à Zurich vers 18h45 juste à temps pour prendre le train pour Lausanne.

Quelle journée, quel voyage, quelle aventure !

Quelle belle région que la Laponie !

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