FJORDS DE L'OUEST | 2009 | ISLANDE A VELO
Avec la lumière et les parfums du mois de juin. De Reykjavik jusqu’à Isafjördur, en passant par le Hvalfjördur, la péninsule de Snaeffelsness, Latrabjarg et Dynjandi.L’accueil est plutôt sympa à 2h du matin, il fait jour et le parfum des bouleaux est envoutant, mais nous sommes peu réceptifs. Nous devons trimballer les cartons vélo et nos grands sacs depuis l’arrêt de bus jusqu’à la pelouse du camping de Reykjavik – notre vol est arrivé tard le soir avant et c’est à 3h que nous nous refugions enfin dans nos sacs de couchage.
Ce récit raconte – en plus – pourquoi nous préférons faire le trajet Keflavik – Reykjavik à vélo plutôt qu’en bus, pourquoi nous avons dû réparer notre tente avec les mains frigorifiées, comment le silence s’est installé dans un restaurant plein de monde quand nous sommes entrés, que nous avons pu approcher les macareux à 1 mètre, pourquoi à Patreksfjördur, à part nous et un SDF, il n’y avait personne au camping, pourquoi après avoir franchi le col sur le Bildudalsvegur nous sommes directement allés au hot-pot, comment nous avons rencontré 2 cyclistes qui parlaient une langue bizarre, pourquoi traverser un tunnel à vélo a quelque chose de flippant, comment nous avons été attaqués par les sternes arctiques, pourquoi Sony a porté un t-shirt seulement pour faire 600 mètres, comment les islandais ont été frappés par la crise, et pourquoi le chantier du Harpa était à l’arrêt.
L'itinéraire du 06 juin au 04 juillet 2009
Jour 1 Bâle Mulhouse – Keflavik, en avion, 2582 km et Keflavik – Reykjavik, en bus, 48 km
Jour 2 Reykjavik, jour de récupération
Jour 3 Reykjavik, ravitaillement
Jour 4 Reykjavik – Hvammsvik (Hvalfjördur), à vélo, 59 km
Jour 5 Hvammsvik – Bjarteyjarsandur, à vélo, 31 km, randonnée de 4h
Jour 6 Bjarteyjarsandur – Borgarnes, à vélo, 42 km
Jour 7 Borgarnes – Snorrastadir, à vélo, 39 km, marche de 2 h
Jour 8 Snorrastadir – Arnarstapi, à vélo, 88 km
Jour 9 Arnarstapi – Hellisandur, à vélo, 60 km
Jour 10 Hellisandur – Grundarfjördur, à vélo, 38 km
Jour 11 Grundarfjördur – Stykkisholmur, à vélo, 41 km
Jour 12 Stykkisholmur, jour de répos
Jour 13 Stykkisholmur – Brianslaekur – Flokalundur, 3 heures en bateau, 6 km à vélo
Jour 14 Flokalundur – Breidavik, à vélo, 86 km, dont 36 km de piste
Jour 15 Breidavik – Latrabjarg – Breidavik, sortie à vélo sans sacoches,27 km de piste
Jour 16 Breidavik – Patreksfjördur, à vélo, 50 km, dont 36 km de piste
Jour 17 Patreksfjördur – Talknafjördur, à vélo, 20 km
Jour 18 Talknafjördur – Bildadulur, à vélo, 21 km
Jour 19 Bildadulur – Dynjandi, à vélo, 62 km, dont 56 km de piste
Jour 20 Dynjandi – Thingery, à vélo, 42 km de piste
Jour 21 Thingery – Isafjördur, à vélo, 50 km
Jour 22 Isafjördur, jour de repos
Jour 23 Isafjördur – Bolungarvik – Isafjördur, à vélo, sans sacoches, 50 km
Jour 24 Isafjördur, visite de l’ile de Vigur en bateau
Jour 25 Isafjördur – Reykjavik, en bus, 454 km
Jour 26 Reykjavik, visite de Blue Lagoon en bus
Jour 27 Reykjavik, visite à vélo, 15 km
Jour 28 Reykjavik – Aéroport de Keflavik, à vélo, 56 km
Jour 29 Keflavik – Bâle, en avion, 2582 km
Jour 1 | Bâle – Keflavik – Reykjavik | en avion 2582 km, en bus 53 km | beau en Suisse, couvert en Islande
Notre vol atterrit vers 22h30 à Keflavik. On a une heure et demie de retard, à cause d’une histoire de fuel, ou plus exactement le paiement du kérosène. Nous sommes en 2009, une année après la crise financière qui a lourdement frappé l’Islande, et apparemment les autorités de l’aéroport de Bâle-Mulhouse ne font toujours pas confiance aux islandais. En tout cas ils nous ont fait patienter pendant 1 heure 30 (tous les passagers étaient déjà assis dans l’avion !) en attendant de recevoir le paiement pour le kérosène. Iceland Express porte mal son nom…
Une longue file nous attend aussi au bureau de change : en 2009 on ne trouve les krona islandais que sur place.
Pour le trajet Keflavik – Reykjavik on opte cette année pour la version rapide : c’est-à-dire en bus. Ça sera une première fois pour nous, mais on ne sait pas encore que cela va être la croix et la bannière. On achète les billets directement au guichet de Flybus et on se met dans la queue. On est les premiers dans la file, mais pas très rapides avec deux cartons encombrants et deux grands sacs, et tous les autres voyageurs passent devant nous. Quand nous arrivons enfin près de la soute, il n’y plus de place, impossible de caser les cartons vélos. Le chauffeur nous conseille de prendre le prochain bus, qui est aussi le dernier de la journée.
Le prochain bus arrive assez rapidement et le chauffeur nous autorise à déjà charger notre matériel dans la soute et d’attendre à l’intérieur du bus. Très sympa de sa part parce qu’un vent glaciale commence à souffler. Mais le bus doit attendre le dernier vol – qui affiche aussi un retard d’une heure et demi. Décidemment, c’est la journée des retards ! Depuis cette mésaventure nous préférons faire le trajet de Keflavik à Reykjavik à vélo, plutôt qu’en bus ! (voir aussi conseil pratique 3).
On arrive au camping de Reykjavik vers 2h du matin. Il fait jour et le parfum des bouleaux est envoutant, mais nous sommes peu réceptifs. Nous devons trimballer les cartons vélos et nos grands sacs depuis l’arrêt de bus jusqu’à la pelouse du camping. Heureusement la tente est vite montée et c’est à 3h que nous réfugions enfin dans nos sacs de couchage – précisons que pour notre horloge intérieure il est 5h !
Jour 3 | Reykjavik | ravitaillement | beau le matin, pluie le soir
Pour le ravitaillement on décide d’acheter quelques victuailles pour tenir jusqu’au prochain village avec supermarché et d’essayer de trouver un fromage à pâte dure. Chez Hagkaup (un supermarché haute-gamme) on déniche un fromage corsé qui s’appelle « Primadonna » et nous rappelle le Parmesan, ainsi qu’un Gouda vieilli, pas mal du tout. L’anecdote du fromage est importante pour nous, parce que lors de notre premier voyage en Islande en 2005, nous avions peu apprécié le Gouda un peu insipide que nous mangions à midi pendant 4 semaines, mais qu’on trouve partout dans les supermarchés.
Le soir on va manger un plat de pâtes au restaurant italien « Caruso », car demain on va commencer notre périple à vélo.
Jour 4 | Reykjavik – Hvammsvik (Hvalfjördur) | à vélo | 59 km | couvert, brume le soir
Pour sortir de Reykjavik on découvre qu’une piste cyclable existe en direction de Mosfellsbaer. Soulagement ! En 2005 nous avons fait ce trajet en sens inverse, mais sans avoir trouvé la piste cyclable. Il nous en reste un souvenir cauchemardesque : sur cet axe les cyclistes ne sont tout simplement pas prévus et le trafic est infernal. Le début de la piste n’est pas facile à trouver, mais le chemin est très beau, car il longe la côte.
A Mosfellsbaer on n’a plus le choix, la seule possibilité en direction du Hvalfjördur est de prendre la Ring Road. Le trafic est intense et ce n’est pas agréable du tout. Heureusement à Saurbaer le trafic disparait dans un tunnel, qui est d’ailleurs interdit aux vélos et nous avons de nouveau la route pour nous.
On suit la route secondaire, qui fait le tour du Fjord, jusqu’à Hvammsvik. Nous avions vu sur la carte le signe « camping » dans ce hameau, mais arrivé sur place on ne voit aucun terrain. On va se renseigner à la cabane de golf et les golfeurs nous expliquent que le camping se trouve sur le terrain de foot et on installe la tente derrière un goal ! Un lavabo et une poubelle se trouvent de l’autre côté et les toilettes dans la cabane des golfeurs.
Après avoir planté la tente nous apercevons une étrange fumée au loin et décidons d’aller voir de plus près. « Ce n’est pas de la fumée, c’est de la vapeur chaude ! » On n’en croit pas nos yeux : un beau hot pot fait de pierres est installé sur une plage de rêve. Quelle bonne idée ! Nous nous voyons déjà mijoter dans l’eau chaude, quand Reno retire rapidement sa main, qu’il a mise dedans pour tester la température : « Elle est bouillante ! » En effet, on n’arrive pas à laisser notre main plus que 2 secondes…
Jour 5 | Hvammsvik – Bjarteyjarsandur | à vélo | 31 km | randonnée de 4h | beau, parfois couvert
Notre plan du jour est simple : parce que l’étape à vélo est courte on prévoit de faire une randonnée autour du Glymur. Glymur est une chute de 100 mètres de haut, la plus haute de l’Islande. On rejoint donc le bout du Fjord à vélo et on remonte une piste caillouteuse sur 3 km. Au parking on laisse les vélos et on commence cette belle marche. Le sentier monte raide dans la pierre noire qui contraste avec la mousse vert fluo. La chute tombe dans le fond d’une gorge et depuis le sentier on a des points de vue magnifiques.
En haut on arrive sur une sorte de haut plateau avec la rivière à méandres. Nous décidons de descendre de l’autre côté, pour faire une boucle. Nous cherchons donc un passage pour pouvoir traverser à gué. Reno trouve l’endroit idéal et ni une, ni deux on enlève les chaussures de marche et on traverse à pied nu. L’eau est glaciale et il ne faut pas tarder. Arrivés sur l’autre rive et en séchant nos pieds on observe un couple d’Islandais qui nous suit. La fille reste figée au milieu et le mec se sauve sur un caillou rond pour réchauffer ses pieds. On ne sait pas comment ils ont fini, car on ne les a plus revus !
On retrouve nos vélos et on continue notre route à vélo, on doit encore faire 7 km jusqu’au prochain camping. C’est court, mais pénible. Pas mal de montées et surtout le vent de face.
Nous montons notre tente au camping de la ferme Bjarteyjarsandur et partons aussitôt au bord de la mer, suivi des deux chiens de la ferme. Sur la plage on remarque des poteaux plantés çà et là, mais nous ne réalisons que sur le chemin de retour à quoi ils servent : à côté de chaque poteau se trouve un nid de canard d’Eider ! Les nids sont gardés par les mamans canards, tellement bien camouflées qu’on est passé à côté sans les voir !
Le soir on mange dans la tente, même si on aurait pu profiter du « repas traditionnel islandais » dans un bel espace aménagé dans la ferme ! On remarquera plus tard en allant visiter qu’il s’agissait seulement de hot dog.
Jour 6 | Bjarteyjarsandur – Borgarnes | à vélo | 42 km | couvert le matin, pluie l’après-midi et le soir
On part sous un ciel couvert et avec un léger vent de face. On rejoint le Ring Road et son trafic. A quelques kilomètres de Borgarnes, notre prochaine étape, il commence à pleuvoir. Le camping est joliment situé sur une petite plage, mais sous la pluie il perd un peu de son charme. Le soir la pluie cesse, mais on est trop fatigué pour en profiter : à 21h au lit !
Jour 7 | Borgarnes – Snorrastadir | à vélo | 39 km| marche de 2 h | beau et très venteux
Le soleil est de retour ce matin et on déjeune avec une belle vue sur la baie, mais avec une bise froide qui souffle. Avant de partir en direction du Snaeffelsnes on fait un saut au supermarché, pour faire quelques courses, la prochaine occasion pour nous se trouve à 120 km d’ici, à Stykkisholmur.
La route 54 est agréable et à part quelques montées le terrain est assez plat. Mais une fois arrivé sur une sorte de plaine ça devient difficile avec le vent de face. On roule tout au plus à 12 km/h. Mais l’étape est heureusement courte et on arrive au camping de la ferme Snorrastadir vers 15h. On a l’embarras du choix et on installe la tente sur une pelouse vide.
On a prévu de faire une marche jusqu’à Eldborg, un volcan éteint. Une belle promenade à travers la lande et le coup d’œil à l’intérieur du cratère vaut la peine !
2 heures plus tard on est de retour au camping où on découvre notre tente encerclée de camping-cars ! Les islandais adorent faire du camping et avec un beau weekend en perspective ils sont arrivés nombreux. On est au mois de juin, le soleil ne se couche pas et ils fêtent ça ! Nous sommes bercés par les chants – « My Bonny is over the Ocean » – jusqu’à 1h du matin.
Jour 8 | Snorrastadir – Arnarstapi | à vélo | 88 km | couvert le matin, puis beau
Pas de traces des fêtards islandais – ils ne sont pas très matinaux. Une longue étape de 88 km nous attend et nous partons assez tôt. Ça roule mieux qu’hier, il y a moins de vent et c’est plus plat, juste quelques grimpettes avant Arnarstapi. On est maintenant sur la péninsule de Snaeffelsnes, qui est dominée par le volcan du même nom. Oui, c’est le volcan où se trouve l’entrée de la terre, du roman « Voyage au centre de la terre » de Jules Verne.
Le camping d’Arnarstapi est situé au pied du volcan. Les islandais sont cette fois déjà là et nous avons de la peine à trouver un coin pour notre tente. Les sanitaires sont un peu limites, par rapport au nombre de campeurs : 3 lavabos pour tout le terrain.
Après le souper on fait une petite promenade le long des falaises de basalte où nichent des Goélands. Le contraste entre les écumes, les rochers et la sable noire est saisissant.
Infatigables, les islandais jouent au Kobb jusqu’à 4h du matin, mais les kilomètres parcourus aujourd’hui nous aident à trouver un sommeil sain et profond malgré la lumière et le bruit…
Jour 9 | Arnarstapi – Hellisandur | à vélo | 60 km | couvert le matin, beau l’après-midi
On reprend la route qui fait le tour du Snaeffelsnes et commence la journée directement avec un raidillon. On fait un petit crochet par Djupalon, qu’il ne faut pas rater. C’est une plage avec de magnifiques galets et les restes d’un bateau échoué. Les galets sont énormes et à l’époque ils servaient pour recruter les matelots. Celui de 54 kg marque le seuil de qualification. Sony arrive avec peine à soulever celui de 23 kg, qui s’appelle « le minable ».
On continue notre route au pied du Snaeffelsnes, que nous n’avons pas encore vu depuis notre arrivée : il est toujours dans les nuages. Un panneau indique le phare « Öndverdanes » et nous décidons d’y aller. C’est un cul de sac, mais le soleil est de retour et nous avons le temps. Nous prenons notre plaisir sur cette piste de 12 km et découvrons une plage de sable blanc où règne une ambiance digne des caraïbes, avec des gamins en maillots de bain.
Le soir au tout petit camping d’Hellisandur il n’y a pas grand monde à part nous. En montant la tente, Reno tire d’un bon coup et « ratsch » la partie arrière de la tente se déchire. Une belle déchirure de 50 cm environ : « Bravo Reno » ! On arrive à rapiécer, mais on craint que cela ne va pas tenir longtemps. Il faut noter que le prochain magasin de camping se trouve à Reykjavik, à plus de 200 km. Bon, on verra, mais s’il y a du vent on est mal. On est sur le chemin pour les Fjords de l’Ouest, réputés pour être un des coins les plus venteux d’Islande.
Jour 10 | Hellisandur – Grundarfjördur | à vélo | 38 km | pluie le matin, puis temps changeant, beaucoup de vent
Sony n’a pas la forme ce matin : ça tombe bien il pleut, alors on s’accorde une grasse matinée…
Hellisandur se trouve sur la côte nord du Snaeffelsness où on espérait avoir moins de vent qu’au sud. Que nenni, on a l’impression que le vent souffle toujours dans la mauvaise direction en Islande, rien que pour embêter les cyclistes !
Toujours pas de vue sur le Snaeffelsness, décidemment il nous en veut. On reprend la route, la pluie s’est arrêtée, mais le vent reste pénible. Il nous faut 4 heures pour parcourir les 38 km de cette étape. Heureusement le paysage est beau et l’entrée à Grundarfjördur spectaculaire. On est accueilli par le Kirkjufell, une des montagnes mythiques de l’Islande. Le nom signifie littéralement « montagne église » et c’est vrai que ce sommet y ressemble un peu.
Le camping est situé sur les hauts du village, dans une sorte de cirque naturel. Il y a une petite cabane avec WC et lavabo, à l’eau froide évidemment. Pour la douche il faut aller à la piscine, mais elle est fermée pour travaux. Le vent souffle toujours et Sony essaye d’arranger le rapiéçage de la tente, en cousant un morceau de toile par-dessus la déchirure. Pas évident, sans dé à coudre, parce qu’on ne pense jamais à tout… Elle bricole une protection avec un bout de Duct Tape (qu’il faut toujours avoir dans sa trousse de secours) ainsi qu’un morceau de toile de tente ! Cette opération effectuée en plein vent lui prend 1 heure ; elle a les mains frigorifiées. Pendant ce temps Reno est parti au supermarché et revient avec des fraises et de l’agneau pour lui remonter le moral.
Jour 11 | Grundarfjördur – Stykkisholmur | à vélo | 41 km | couvert, pluie et vent très fort
Toujours du vent, il souffle même un peu plus fort que hier et évidemment toujours dans la mauvaise direction. Paysages sympas, mais vallonnés. On avait prévu d’aller visiter le musée du requin à Bjarnhöfn, mais juste à la bifurcation une averse nous fait changer les plans : on laisse tomber le requin et on file (enfin, c’est une manière de dire) tout droit vers Stykkisholmur.
On s’installe au camping et on se réjouit de nous réchauffer sous la douche chaude, mais on découvre avec stupéfaction que la douche du camping est :
- À l’extérieur
- Sans toit
- Et les pieds à l’air
Ils sont fous ces islandais – on n’est pas au sud de la France ! Heureusement la piscine est juste à côté. Son Hot Pot à 42° nous remonte le moral et nous réconcilie avec l’Islande.
De retour au camping Sony croise trois touristes françaises dans les sanitaires. Elles cherchent les douches. Elles n’en reviennent toujours pas quand Sony les leur montre, mais semblent hésiter un peu d’aller à la piscine (qui est payante : 300 ISK).
Reno achète un BBQ jetable et des côtelettes d’agneau pour changer un peu des tortellinis. Grande est sa déception, quand il n’arrive même pas à l’allumer – trop de vent ! Encore le vent qui dicte sa loi !
Jour 12 | Stykkisholmur | jour de repos | pluie et vent toute la journée et la nuit
Aujourd’hui est la fête nationale islandaise, mais elle tombe quelque peu à l’eau : il pleut toute la journée sans interruption…
Pour nous ça signifie jour de repos, enfin presque, puisqu’on profite de faire une petite lessive. L’après-midi on visite le port, la ville et l’exposition « The Library of Water » de l’artiste islandais Roni Horn. Une installation qui se visite en pantoufles. Il faut imaginer une pièce remplie de colonnes transparentes, elles-mêmes remplies d’eau, qui provient de différents glaciers islandais. Pour nous c’est un havre de paix à l’abri du vent et de la pluie. En plus avec une belle vue sur le port et de beaux reflets dans les colonnes.
Le soir on soupe au resto « Fimmsfiskur » où le nom est tout un programme. Que des mets de poisson. On goûte l’excellente soupe de poisson, du saumon fumé avec une magnifique sauce à la moutarde et de très bonnes pâtes aux 5 poissons.
Pendant le souper on planifie la suite de notre périple. Ils nous restent 2 semaines et on a donc assez de temps pour monter jusqu’à Isafjördur, la capitale des Fjords de l’Ouest. Le soleil devrait être de retour demain, même si on a un peu de la peine à y croire : il pleut et il vente toujours. On a l’impression de ne pas fermer l’œil, parce qu’on ne peut pas bien tendre la tente (à cause de la déchirure) : elle fait « flop,flop » toute la nuit !
Jour 13 | Stykkisholmur – Brianslaekur – Flokalundur | 3 heures en bateau et 6 km à vélo | beau
Beau soleil, mais toujours du vent. On va encore faire quelques courses, parce que la prochaine opportunité ne sera pas avant Patreksjfordur.
Le trajet en bateau est tranquille et se fait avec une petite halte à Flatey, une île charmante avec une poignée de maisons.
Les 6 km jusqu’à Flokalundur sont vite avalés à vélo, malgré le vent et on s’installe au camping, qui offre une jolie vue sur la baie. On partage une des tables « camping » avec un couple francophone qui essaie désespérément d’allumer un réchaud à gaz. Chose impossible à cause du vent. On leur prête le nôtre, à essence, qui s’allume sans problèmes. Et d’ailleurs on l’a acheté, entre autre, aussi pour cette raison là. On entame une discussion avec le couple et ils nous trouvent très courageux, parce qu’on voyage à vélo. On essaie de leur expliquer que c’est à la portée de tout le monde et que finalement tout est dans la tête…
Jour 14 | Flokalundur – Breidavik | à vélo | 86 km, dont 36 km de piste | beau, mais venteux
Quelle belle journée ! On ne le sait pas encore, mais cette étape va être une des plus belles qu’on ait jamais faite ! Il y a toujours du vent, mais aujourd’hui est notre jour de chance : il souffle dans la bonne direction. Sur 30 km on a le vent de dos et on en profite. La vue sur les plages de sable qui longent la route est magnifique et on voit enfin le Snaefellsness – sans chapeaux !
On franchit le premier col, ça roule bien et pour les 6 km de montée à 8% on met 1 heure quart. Il fait plutôt frisquet, on n’enlève même pas les vestes. La descente de l’autre côté est glaciale, mais quelle superbe vue sur le Patreksfjördur : la mer turquoise, les champs verts et les lupins violets sont de toute beauté.
À 15h on est de nouveau au niveau de la mer et à une bifurcation. On a le choix entre 36 km de piste pour rejoindre Breidavik ou 12 km de goudron vers Patreksfjördur. On décide d’aller jusqu’à Breidavik. On a la forme, même si on déjà 50 km dans les jambes. Un bateau échoué sur une plage marque le début de la piste : Malbik Endar ! Notre panneau préféré qui a donné le nom à notre blog. La piste est belle et les plages qu’on longe sont superbes. Les moutons sont les seuls à en profiter : ils prennent un petit bain de soleil sur le sable blanc avec vue sur la mer turquoise. C’est mieux que la Costa Smeralda !
La piste commence un peu plus à grimper pour arriver à flanc d’une falaise, avec la mer 50 mètres en contrebas. La piste quitte le bord de la mer et s’enfile dans une vallée verte où broutent des moutons. Nous ne voyons pas le côté bucolique, nous voyons surtout le raidillon qui nous attend – « Gloup ». Il est 18h, on sent une certaine fatigue, mais il va falloir passer par là. La grimpette nous prend 1 heure quart et elle est moins raide que ce qu’on pensait. Après avoir franchi ce deuxième col, on voit finalement, vers 20h, au loin des petits drapeaux qui annoncent le camping de Breidavik. Il est superbement situé au bord d’une immense plage de sable blanc. Pour nous enregistrer il faut aller à la réception qui se trouve dans le restaurant. Il est plein de monde et quand nous entrons un grand silence s’installe – les gens nous regardent comme des extra-terrestres. On reconnait quelques touristes qui nous ont dépassés il y a 2 heures et qui sont en train de souper. Le camping est assez cher (2400 ISK la nuit pour 2 personnes), mais accueil sympa par un agneau avec clochette !
Jour 15 | Breidavik – Latrabjarg – Breidavik | sortie à vélo sans sacoches | 27 km de piste | temps changeant, pluie le soir et très venteux
Pas facile de rouler avec le vent de face ou le vent de côté. Plusieurs fois Sony sort de la piste à cause de rafales de vent ! Nous faisons une sortie à vélo pour rejoindre Latrabjarg, une falaise de 400 mètres de haut, fameuse pour l’observation d’oiseau. Le paysage est très beau, mais tout sauf plat, ça monte et ça descend. Le phare marque la fin de la piste et un panneau fait la pub pour la « Westest Pizza in Europe ». Oui, nous sommes à l’endroit le plus à l’ouest de l’Europe, mais la pizzeria est fermée quand nous arrivons. Tant pis ! De toute façon on est venu pour les oiseaux qui nichent dans la falaise. On monte et on suit la falaise – et les occasions pour les observer ne manquent pas. Entre les guillemots, les petits pingouins, les mouettes tridactyles – et j’en passe – on ne sait plus où tourner la tête ! Les plus choux sont les macareux avec leur bec de clown. Ils ne sont pas peureux du tout, on peut les approcher jusqu’à 1 mètre. Ce n’est pas étonnant qu’ils finissent souvent dans les assiettes des islandais.
Le retour semble être un peu moins dur, mais le vent souffle toujours. Le soir on fait une petite promenade jusqu’à la plage, la bruine se transforme en pluie et on retourne à la tente complètement mouillé…
Jour 16 | Breidavik – Patreksfjördur | à vélo | 50 km, dont 36 km de piste | beau, pluie le soir
Le vent a cessé de souffler vers minuit et demi. Nous partons assez tôt ce matin, la météo se gâte et la pluie devrait arriver ce soir. Nous remontons le même col, que nous avons fait 2 jours plus tôt. Il commence à pleuviner en haut et la descente est glaciale. Le Musée de Hnjoti tombe à pic, nous décidons de le visiter pour nous réchauffer. Mais le Musée se révèle être très intéressant ! Crée par le paysan du lieu, qui a commencé à collectionner toute sorte d’objets : pantalons et gants de pécheurs, habits du dimanche, matériel de pécheurs, vieux ordinateurs, les objets d’un ermite qui vivait en parfaite autarcie. C’est une sorte de bric-à-brac charmant, qui montre bien la vie des Islandais jadis. Et qui ouvre l’appétit ! Dans la petite buvette nous ne résistons pas aux tartines aux saumon et la viande fumée et – plus surprenant – un œuf de guillemot à la coque. Il est plus grand qu’un œuf de poule, plus pointu et d’une belle couleur vert pastel, tacheté de brun. Nous goutons et à notre surprise ça sent la mer, mais pas le poisson comme on pourrait croire…
Le soleil est de retour et nous reprenons notre chemin. Arrivé à Patreksfjördur nous installons notre tente sur l’immense camping, mais où il n’y a pas un chat. La vue est pourtant belle, on est un peu en dessus du village. Bon, il faut dire que les containers qui font office de sanitaires ne sont pas très accueillants. En tous cas toutes les voitures que nous voyons arriver font demi-tour en voyant les containers. Pour les voitures ce n’est pas un problème de faire 20 km en plus à 18 heure le soir, quand on voyage à vélo on fait moins la fine bouche !
Nous faisons le tour du village et décidons d’aller manger au Restaurant du coin. Reno commande du Plokfiskur : un mélange de pommes de terre écrasées, de restes de poisson et d’oignons, le tout gratiné au four : un régal.
De retour au camping nous découvrons qu’une autre petite tente est installée non loin de la nôtre. Nous nous demandons si c’est un randonneur, parce que nous ne voyons aucun véhicule à proximité, mais un immense sac à dos. Mais quand nous voyons arriver le type, avec sa veste en cuir, ses petits souliers, en titubant légèrement, canette de bière à la main, nous comprenons que c’est un SDF. Nous sommes une année après la crise financière et l’Islande a été lourdement touchée. Beaucoup d’Islandais ont perdu leur maison, parce que leur dettes ont doublées, voir triplées et qu’ils n’arrivaient plus à les rembourser…
Jour 17 | Patreksfjördur – Talknafjördur | à vélo | 20 km | pluvieux et venteux, entrecoupé d’éclaircies, belle soirée ensoleillée
Le temps est extrêmement changeant aujourd’hui : du vent, de la pluie et en plus il fait froid. On commence la grimpette du col (369 mètres de dénivelés positives) sur la route du Bildudalsvegur vers 12h30. Nous avons enfilé nos pantalons et vestes de pluie, dans lesquels on transpire terriblement dans la montée. La pente est de 10% – une pente qui commence à être pénible avec les sacoches. On est donc mouillé à l’extérieure, comme à l’intérieur et ce col n’est pas une partie de plaisir. En plus avec le vent on titube un peu sur nos vélos. D’ailleurs une voiture islandaise qui descend, s’arrête sur l’autre voie – pour nous filmer – juste au moment où une grande goutte de nez de Sony part avec le vent. Oups, ils vont être contents en visionnant la vidéo ! Un peu plus loin le vent cesse un peu, mais pas la pluie.
Arrivés en haut du col nous voyons un grand point orange flashy – c’est une cabane de secours – mais nous ne nous arrêtons pas. Nous enfilons les gants et attaquons la descente, toujours sous la pluie. La descente est assez courte, mais glaciale. Complétement frigorifiés nous arrivons au camping de Talknafjördur sous une pluie battante. A peine déchargés les vélos, il y a du soleil ! On met vite la tente et 5 minutes après c’est de nouveau la drache. Heureusement la piscine se trouve juste à côté : rien de mieux qu’un hot pot pour nous réchauffer. On reste jusqu’à ce que notre peau soit toute fripée.
Surprise inattendue le soir, après une journée maussade comme on a eu, on ne s’attendait pas à voir le soleil. Mais il est là. La chaleur dans la cuisine commune est intenable pour nous. On préfère manger dehors et on passe une belle soirée ensoleillée, en plus sans vent. Tellement rare qu’il fallait le mentionner…
Jour 18 | Talknafjördur – Bildadulur | à vélo | 21 km | couvert le matin, puis pluie
La topographie des Fjords de l’Ouest fait qu’on passe d’un Fjord à l’autre et notre programme d’aujourd’hui ressemble à celui de hier : montée, plateau, descente. Ce matin ce sont 7 km de montée jusqu’au col qui nous occupent pendant 1 heure 30 – heureusement sans pluie. C’est en haut du col qu’il commence à pleuvoir et la descente est aussi glaciale qu’hier.
Arrivé en bas, on roule jusqu’à la piscine qui est au centre de Bildadalur. En voyant les bornes pour l’électricité on croit que le camping est juste à côté. On demande à la piscine si on peut mettre une tente ? « Oui, oui, pas de problème ». En plus la dame nous informe que c’est gratuit et qu’on peut utiliser les toilettes de la piscine. On plante notre tente et on va manger une soupe de poisson.
On doit aussi faire les courses – nos sacoches sont vides – pour les prochains deux jours, parce qu’il n’y aura aucune possibilité les prochains 100 kilomètres. On s’attendait à trouver un supermarché, mais le magasin du village est plus une épicerie qu’autre chose. On achète le dernier paquet de pâtes, qu’on mangera sans sauce (il n’y en a pas), un peu de pain, qu’on mangera sans confiture (il n’y en a pas non plus) et un paquet de noix. Le soir on retourne au restaurant pour manger une pizza. Le restaurant est plein de travailleurs en chaussettes (tradition nordique oblige), toutes les tables sont occupées, sauf une. On veut s’asseoir, mais il n’y a pas de chaises. Un des travailleurs nous passe deux chaises, qu’il a sorti dieux sait d’où. La pizza est très bonne, digne d’un restaurant italien avec une pâte faite maison.
De retour à la tente on se rend compte que la piscine ferme ses portes à 22h et qu’après il n’y a plus aucune toilette accessible. Cela nous pose un petit problème : enfin plutôt à Sony, moins à Reno. Heureusement on a acheté un tetra-pack de jus de pomme pour remplir les gourdes et nous utilisons le récipient vide – discrètement – comme toilette. Et on se demande quand même où est le camping officiel, parce qu’apparemment il n’est pas ici !
Jour 19 | Bildadulur – Dynjandi | à vélo | 62 km, dont 56 km de piste | couvert le matin, puis beau
Le secret du camping est résolu, en partant du village ce matin on voit une pancarte « Camping » un peu à l’extérieure de Bildadalur : on ne l’avait simplement pas vu hier, sous la pluie battante !
Temps sec aujourd’hui, le ciel est couvert et le vent ne souffle pas trop fort. Après 6 km la piste commence, mais le terrain est plat et pendant 36 km on longe le fjord. On traverse une zone d’oiseaux et on doit zigzaguer entre les fientes. Les sternes arctiques peuvent être très agressifs quand on traverse leur territoire, parce qu’ils nichent au sol. Sony ne les voit pas, mais entend les cris dans son oreille « kria, kria, kria » et accélère un peu la cadence (d’ailleurs en islandais les sternes arctiques s’appellent « Kria »).
Tout d’un coup à côté de la piste on voit une piscine avec eau chaude et même quelques hot-pot en plein nature, loin de tout village. Ça a l’air bon, mais la grimpette qui commence juste derrière nous convainc que ce n’est pas une bonne idée. Et effectivement ça grimpe assez dur et avec un bain ramollissant ça l’aurait été encore plus. La montée devient un peu plus « plate » par la suite et en arrivant à une bifurcation on découvre deux pancartes qui indiquent : 104 km jusqu’à Isafjördur, 394 km jusqu’à Reykjavik. Notre point de départ et le point d’arrivé (même si pour nous ce sont un peu plus de 600 km qui s’affichent sur notre compteur jusqu’à présent, puisque nous n’avons pas pris la voie la plus directe depuis Reykjavik…) ! Après une petite descente on arrive sur une sorte de haut plateau, qui est magnifique : des petites rivières, des lacs, beaucoup de mousse. Le soleil pointe son nez pour la descente finale, qui nous semble interminable (on est vraiment montée tout ça de l’autre côté ?). Elle est glaciale, mais nous offre de très belles vues sur le fjord et en bas nous nous trouvons de nouveau au niveau de la mer.
Au pied de la superbe chute Dynjandi se trouve un petit camping ou nous installons notre tente. Sanitaires spartiates avec eau froide, mais le site est tellement beau que ça n’a aucune importance. Un petit sentier mène aux différentes petites chutes, qui portent des noms comme Göngumannafoss, Strompgljufrafoss, Haestahjallafoss, Hrisvadsfoss, Hundafoss et Baejarfoss pour finalement arriver au Dynjandi. Quelle beauté ! Les mots nous manquent pour décrire cette cascade de 186 mètres de haut qui tombe en éventail sur les rochers ! A ne pas manquer…
Jour 20 | Dynjandi – Thingery | à vélo | 42 km de piste | beau
Une belle journée qui s’annonce, pas de vent, mais du soleil, même s’il est un peu voilé. On reprend la piste qui longe le fjord. Des touristes francophones dans un minibus nous filment et nous applaudissent : c’est motivant ! Après 23 km de terrain plus ou moins plat, une montée de 9 km nous attend, avec des raidillons de parfois 12 – 13 %. On est content d’arriver en haut du col où un couple de Valaisans avec un camping-car nous souhaite la bienvenue. Nous profitons de la belle vue sur les lacets du col que nous venons de grimper. Belle descente caillouteuse de l’autre côté vers Thingery. Au camping il n’y a pas grand monde, à part nous deux autres cyclistes qui parlent une langue bizarre, impossible à déchiffrer. Nous échangeons quelques mots avec eux et apprenons qu’ils se rendent à Isafjördur à vélo. Ensuite ils vont prendre un bateau pour le Hornstrandir où des potes les attendent pour retaper une maison. Et que la langue qu’ils parlent – c’est du Islandais !
Jour 21 | Thingery – Isafjördur | à vélo | 50 km | beau
Pas un nuage au ciel ! On peut déjeuner hors tente, ça nous change des jours précédents. C’est notre dernière étape avant Isafjördur. On doit contourner le fjord, mais à l’endroit où il est le plus étroit il y a un raccourci : un pont ! L’eau sous le pont est d’un beau bleu turquoise et nous voyons des centaines de méduses flotter dans le courant : quel spectacle !
Au kilomètre 23 la route grimpe, pour redescendre de l’autre coté au niveau de la mer. Nous faisons une petite pause au soleil. Un tracteur passe, dans la remorque une ribambelle de gamins qui chante à cœur joie. On n’est pas les seuls qui apprécient le soleil !
Un autre pont pour traverser le fjord nous attend et après une deuxième grimpette on arrive devant l’entrée du tunnel « Vestfirdir ». Il faut savoir que les tunnels islandais ne sont pas éclairés, ont une seule voie et sont souvent en pente. Les traverser à vélo n’est pas une partie de plaisir, c’est même un peu flippant. Bon, normalement le trafic en amont a la priorité et ceux qui descendent doivent attendre dans les ilots prévus à cet effet, permettant aux véhicules de se croiser. Nous mettons donc nos lampes frontales sur les sacoches du guidon, Reno allume sa loupiote arrière – et c’est parti ! Sony mène, Reno suit de près. Heureusement le tunnel « Vestfirdir » est assez plat, nous pouvons rouler sur le grand plateau. Nous avons la priorité (ce qui est signalé avec des panneaux) et les voitures nous respectent, la plus part du temps. Le tunnel est assez surprenant, parce qu’à mi-chemin il se divise : une partie bifurque en direction de Sudureyri, l’autre partie continue vers Isafjördur. Après 7 km on sort du tunnel, contents qu’il soit derrière nous !
Nous installons notre tente dans le camping de Tungudalur, à 4 km d’Isafjördur. Il est parfait, de jolis espaces avec des haies coupe-vent – et on a une table avec bancs intégrés pour nous tous seuls. Nous lézardons au soleil pour la fin de la journée : qui l’eut cru ?
Jour 22 | Isafjördur | jour de repos | brouillard le matin, soleil l’après-midi
Le matin on se lève à 11h, on dirait qu’on a un petit manque de sommeil. Il y a un épais brouillard, mais qui se dissipe le temps d’aller se laver les dents et qui fait place à un beau soleil. Nous décidons d’aller visiter Isafjördur et de passer à l’office de tourisme pour la suite de notre voyage. Puisqu’il fait beau Sony met – pour la première fois pendant ce voyage – le T-shirt qui est resté au fond de la sacoche pendant 3 semaines. Après avoir fait 600 mètres à vélo, elle l’enlève aussi tôt, une bise froide commence à souffler juste après un virage. Surprise à Isafjördur : on est de nouveau dans le brouillard ! A l’office de tourisme on trouve toutes les informations pour la suite de notre voyage : mardi matin on va prendre le bus en direction de Reykjavik, avec changements à Holmavik et Stadarskali. C’est parfait. Ils nous restent 3 jours pour découvrir Isafjördur et les environs.
Jour 23 | Isafjördur – Bolungarvik – Isafjördur | à vélo, sans sacoches | 50 km | beau
On a de la chance : ciel bleu et soleil. Journée idéale pour faire une virée jusqu’à Bolungarvik. On espère que la piscine sera plus sympa que celle d’Isafjördur – rien que de la voir de l’extérieur ne nous donnait pas envie d’y aller. Effectivement, c’est le cas : elle est plus moderne et les hot-pots sont dehors, c’est quand même plus sympa. Mais il fait presque trop chaud pour y profiter, le thermomètre affiche 21°.
Petit incident sur le chemin de retour : le lacet de Reno (mal ficelé) s’enroule autour du pédalier et le bloque au beau milieu d’une zone de nidification de sternes arctiques. Banale ? Pas tant que ça : les sternes nichent au sol et deviennent très agressives quand ils sentent un danger pour leur progéniture. Dès qu’il met pied à terre, les sternes lui foncent dessus et passent à 10 cm du crâne – heureusement il porte le casque vélo ! C’est un peu comme dans « Les Oiseaux » d’Alfred Hitchcock. Reno arrive à défaire le lacet de son pédalier rapidement et rejoindre Sony – qui l’attend un peu plus loin et se demande « Mais, qu’est ce qu’il fiche » ?!
Une maison de pêcheur à Osvör nous intrigue. On découvre en fait que c’est un village reconstitué avec un musée et tout cela se visite. C’est très intéressant et on apprend plein de choses sur la pêche traditionnelle. Dommage que le pêcheur habillé en peau de mouton imperméable ne sorte que pour les groupes et pas pour deux cyclistes de passage !
Jour 24 | Isafjördur | visite de l’ile de Vigur | matin sec, pluie ensuite
On profite de la matinée pour grimper en haut de la cascade juste derrière le camping, mais le sentier est très raide et il monte sur un sol instable – avant d’arriver en haut on rebrousse chemin. A côté de la cascade, dans une petite forêt, on apprend sur un panneau que Björk veut dire bouleau – joli comme prénom !
L’après-midi il commence à pleuvoir pile poil au moment où on met pied sur le bateau pour aller sur l’ile de Vigur. Une famille islandaise nous accueille pour une visite de leur terre. Leur revenu principal vient des duvets d’Eider, des canards du même nom. 1 kg de duvets peut être vendu à 1000 Euro. Les duvets sont prélevés dans les nids (une fois que les petits l’ont quitté bien sûr !), puis nettoyés. Un nid fournit environ 17 grammes de duvet. Petit poids, mais grande quantité : c’est l’équivalent d’une grande pastèque ! Par année ils récoltent 60 kg de duvets. La ferme est un parfaite exemple de la débrouillardise des islandais, pour survivre il faut avoir plusieurs casseroles sur le feu : à part les eiders, la ferme héberge aussi des moutons – et un office de poste (d’ailleurs la plus petite de l’Islande). Le paysan chasse aussi les macareux, mais uniquement les mâles finissent à la casserole. Ce sont eux qui passent leur temps en mer et rentrent le bec vide ; tandis que les femelles font d’incessants allers-retours pour nourrir les petits !
Sur l’ile se trouve aussi une importante colonie de sternes arctiques et puisque c’est la période de la nidification ils sont très agressifs. Pour se défendre chaque visiteur reçoit un bâton, qu’il faut porter par-dessus la tête, un peu comme un parapluie sans tissu, et l’utiliser pour faire fuir les sternes dès qu’ils attaquent. On peut vous dire, qu’il n’est pas superflu ! D’ailleurs les sternes arctiques, malgré leur petite taille et leur air innocent, sont les seules oiseaux de l’Arctique capables de faire fuir un ours polaire – et chaque année ils parcourent jusqu’à 70’000 km pour descendre de l’Arctique à l’Antarctique et remonter. Etonnants ces oiseaux !
Cette visite est très intéressante et riche en émotions et elle se termine avec un café et d’excellentes viennoiseries faites maison. Et c’est déjà l’heure du retour – toujours sous la pluie !
Jour 25 | Isafjördur – Reykjavik | en bus | 454 km | sec
Un minibus vient juste d’arriver devant l’office de tourisme et un couple de sexagénaires est occupé à décharger ses vélos. Ils ont décidé de venir faire un petit tour dans les Fjords de l’Ouest, juste parce que les prévisions météo était meilleures ici, que là où ils se trouvaient hier sur la Ring Road…
On charge les vélos à l’arrière du bus et c’est parti pour la fameuse route qui contourne les fjords : la fameuse Isafjardardjup. Pour les 223 km il faut compter environ 2 heures 45 en bus. La route n’est pas goudronnée partout et le chauffeur roule à fond sur les parties de tôle ondulée, car pour éviter de ressentir chaque bosse, il faut littéralement voler par-dessus. Mais il n’est pas pressé pour autant, il prend même le temps de s’arrêter devant une petite ile pour qu’on puisse observer quelques otaries qui font une sieste.
À Holmavik on doit changer le bus. Le nouveau bus est déjà là, mais il ne part que dans trois heures. Quoi faire pendant tout ce temps dans ce bled ? On voyant la piscine pas loin on décide de s’offrir un petit moment de détente. Mais on n’a pas le droit de déjà charger les vélos dans le bus : « You could die in the hot pot » nous répond le chauffeur quand nous lui posons la question.
On a survécu à l’eau chaude et trois heures plus tard le chauffeur nous laisse charger nos vélos. Le bus longe la côte et on a la vue sur de belles plages. Elles sont couvertes de bois flotté. Les troncs d’arbre de toutes les tailles sont échoués là et il parait que ce n’est pas rare que le bois arrive de Sibérie. C’est très photogénique. Nous quittons la côte et après un petit col le bus s’arrête au milieu de nulle part. Un jeune homme monte à bord. Il porte un sac en plastique vert, qui semble très lourd. D’ailleurs il paye son billet (3100 ISK = 31 CHF, tout de même) avec des pièces de monnaie – qu’il sort de ce sac. Il nous intrigue un peu, puisque plus tard il sort aussi un appareil photo !
Le bus s’arrête à Stadarskali, qui est en fait un restoroute sur la Ring Road. Tout le monde doit descendre et on doit encore changer de bus. Cette fois il y a une attente de deux heures. On en profite pour manger un morceau, parce qu’on va arriver tard à Reykjavik.
Le prochain bus est un peu plus grand et on peut mettre les vélos sur la remorque. Au nord de Borgarnes une belle lumière met en valeur ce beau paysage de champs de lave et de cratères. On arrive au Bus Terminal BSI de Reykjavik à 23h15. Pour aller au camping nous prenons le chemin plus court (par l’église Hallgrímskirkja) ce qui signifie qu’on doit monter et redescendre de l’autre côté. Vers 1h du matin nous tombons enfin sur nos matelas dans la tente.
Jour 26 | Reykjavik | repos et shopping | couvert, quelques gouttes le soir
En 2009, une année après la crise, la Krona islandaise est au plus bas. Cela signifie que nous pouvons enfin faire un peu de shopping, car les prix sont devenus abordables. Reno trouve une veste coupe-vent chez 66North, Sony veste et pantalon de pluie chez Cintamani, nos deux marques préférées et typiquement islandaises.
Jour 27 | Reykjavik | visite de Reykjavik et virée au Blue Lagoon | couvert
Ce matin au centre-ville de Reykjavik nous recherchons en vain la petite brocante, que nous avions adorée en 2005. Est-ce que ce serait une victime latérale de la crise de 2008 ? Il semble que oui. D’ailleurs dans la rue Laugarvegur, normalement très animée et pleine de monde, nous découvrons une ambiance morose avec la plupart des boutiques et échoppes fermées définitivement.
La situation au vieux port n’est pas meilleure : un immense chantier est à l’arrêt. Nous apprenons que les travaux du futur complexe du Harpa sont en stand-by à cause de la crise financière. Personne ne sait s’il va pouvoir être terminé un jour. De nombreuses grues pointent vers un ciel sombre.
Quelques années plus tard le gouvernement islandais décidera de revoir le projet du gigantesque complexe et de ne terminer « que » la salle de concert et le centre de congrès, inaugurés finalement en 2011.
L’après-midi on passe au Blue Lagoon qu’on rejoint en bus depuis le camping. Dans les bains une ambiance mystique à cause du brouillard, mais peu de monde, c’est très agréable. Et cette année-là on rencontre encore quelques islandais dans les bassins, ce fût, hélas, la dernière fois : ils ont ensuite complètement disparu du Blue Lagoon. Le prix de l’entrée ne cessa pas d’augmenter et devient ensuite inabordable pour les islandais.
Jour 28 | Reykjavik | visite à vélo | 15 km | beau
Notre dernier jour à Reykjavik, le vol de retour est prévu demain matin. Nous profitons du beau temps pour faire une sortie vélo jusqu’ au Perlan. Le Perlan est à l’origine un réservoir où l’eau chaude venant de la géothermie est stockée. La vue depuis la terrasse est très belle et rien que pour cela ça vaut la peine de monter sur la colline. En 2009 nous visitons dans le musée l’exposition sur les sagas islandais. Reno est fasciné, Sony un peu moins : elle a de la peine à suivre les explications et elle trouve plus intéressant le « Making Off » des figurines de l’expo…
De retour au camping de Reykjavik on prépare nos vélos pour le départ. On a décidé de faire le trajet jusqu’à l’aéroport à vélo. Pendant qu’on prépare les vélos un cycliste français nous aborde. Il a fait le tour de l’Islande sur la Ring-road et nous raconte ses expériences. Entre autre son erreur de ne pas avoir pris de réchaud, ni de casserole pour gagner du poids. Et par conséquence pendant tout son périple il n’a mangé que des sandwiches froids ; un bon repas chaud lui manque terriblement. Il nous raconte aussi que parfois il avait planifié des étapes trop longues et que la météo islandaise lui a montré impitoyablement qui était le chef dans cette aventure.
Il est 23h57 nos vélos sont chargés et on est prêt pour le départ. En bons suisses nous enfourchons nos bécanes pile poil à minuit et partons en direction de l’aéroport de Keflavik.
Nuit 28 | Reykjavik – Aéroport de Keflavik | à vélo | 56 km | beau coucher et lever du soleil
Pour sortir de Reykjavik nous empruntons des chemins vélos qui suivent plus ou moins la côte. En 2009 rien n’est fléché et ce n’est pas toujours facile de trouver le bon chemin. Après Hafnarfjördur le chemin vélo s’arrête brusquement et nous empruntons la seule route qui mène à Keflavik, la route 41. Heureusement à cette heure il n’y a presque pas de trafique. Nous longeons l’usine d’aluminium et mesurons sa longueur : elle fait 800 mètres quand même ! Nous faisons plusieurs pauses photo car un beau coucher de soleil nous accompagne.
Jour 29 | Keflavik – Bâle | en avion | 2582 km | beau lever de soleil en Islande, averse à 7h lors de l’embarquement, sec en Suisse
On arrive vers 4 heures du matin à l’aéroport. Nous cherchons un petit coin un peu à l’écart pour réorganiser nos sacoches et les paqueter dans les deux grands sacs prévus à cet effet. Ils sont très polyvalents, puisque les fermetures éclairs permettent de les ouvrir intégralement et ils peuvent être utilisés comme tapis de sol pour l’abside de la tente. Pour les vélos nous avons prévu de nous procurer des housses en plastique (puisque nous avons laissé nos cartons au camping de Reykjavik), mais le guichet d’Icelandair n’ouvre qu’à 5h30. Nous devons attendre une demi-heure et profitons d’enlever les pédaliers des vélos.
Une fois les vélos emballés nous nous mettons dans la file devant le check-in. Il faut amener les deux vélos et les deux grands sacs jusqu’au guichet, ce qui n’est pas une mince affaire. La halle devant les guichets du check-in est pleine à craquer et nous avons de la peine à suivre l’assistante check-in, qui nous fraie un chemin parmi la foule, en trimballant nos vélos jusqu’au guichet des objets encombrants – qui est à l’autre bout de l’aéroport.
Une averse s’abat sur l’aéroport vers 7h – on a eu de la chance d’arriver avant la pluie. On décolle à 7h10 en direction de la Suisse et on espère être de retour dans 4 ans !