KJÖLUR | 2011 | ISLANDE A VELO

Le vent dicte sa loi et le plan B entre en action: de Keflavik jusqu’à Akureyri en passant par la Kjölur.

Notre plan A tombe à l’eau : l’idée initiale était de traverser la Sprengisandur du sud au nord, mais le vent en a décidé autrement pour nous. Nous devons faire demi-tour et nous optons pour la traversée de la Kjölur.

Notre récit raconte – en plus – pourquoi il faut éviter la Ring Road à vélo, comment nous avons pompé l’eau à en avoir des cloques aux mains, inquiété des touristes américains, poussé les vélos pendant des heures à cause du vent, passé une très mauvaise nuit, eu une fâcheuse surprise le lendemain, fait du 24 km/h sans pédaler, effrayé des islandais avec nos visages plein de sable, dormi dans une maison traditionnelle en tourbe, inventé la raclette islandaise, brûlé les fesses au milieu du désert, rencontré un islandais qui nous autorise à camper dans le jardin de sa maison de vacances et commis une erreur de débutant.

L'itinéraire du 06 août au 03 septembre 2011

 

 

 

Jour 1             Genève – Keflavik, en avion, 2650 km

Jour 2             Keflavik – Grindavik, à vélo, 46 km

Jour 3             Grindavik – Urdirhlidar, à vélo, 46 km, dont 25 km de piste

Jour 4             Urdirhlidar – Selfoss, à vélo, 61 km, dont 16 km de piste

Jour 5             Selfoss, ravitaillement

Jour 6             Sellfoss  – Sandartunga, à vélo, 60 km

Jour 7             Sandartunga  – Hrauneyalön, à vélo, 57 km

Jour 8             Hrauneyalön – Camp de la Tempête, à vélo, 20 km, dont 15 km de piste

Jour 9             Camp de la Tempête – Holaskogur, à vélo, 50 km, dont 15 km de piste

Jour 10           Holaskogur – Fludir, à vélo, 63 km

Jour 11           Fludir – Geysir, à vélo, 28 km

Jour 12           Geysir, jour de repos

Jour 13           Geysir – Hvitarnes, à vélo, 56 km, dont 31 km de piste

Jour 14           Hvitarnes – Hveravellir, à vélo, 53 km de piste

Jour 15           Hveravellir, jour de repos

Jour 16           Hveravellir – Hunaver, à vélo, 94 km, dont 90 km de piste

Jour 17           Hunaver – Saudarkrokur, à vélo, 48 km

Jour 18           Saudarkrokur, jour de repos

Jour 19           Saudarkrokur – Akrar, à vélo, 71 km

Jour 20           Akrar – Dalvik, à vélo, 70 km, dont 37 km de piste

Jour 21           Dalvik – Grimsey, excursion en ferry

Jour 22           Dalvik – Akureyri, à vélo, 47 km

Jour 23           Akureyri, jour de repos et visite

Jour 24           Akureyri – Reykjavik, en bus, 387 km

Jour 25           Reykjavik, repos et shopping

Jour 26           Reykjavik, visite

Jour 27           Reykjavik, repos et shopping

Jour 28           Reykjavik – Keflavik, en bus, 48 km

Jour 29           Keflavik – Copenhague – Genève, en avion, 3290 km

 

Jour 1 | Genève – Keflavik | en avion | 2650 km | couvert

Départ pour l’Islande depuis Genève-Cointrin. A l’aéroport on a deux bonnes surprises : on ne doit ni payer pour les 7 kg de surplus bagages, ni pour les vélos.

Une fois plantée la tente au camping Chez Alex à Keflavik le stress tombe et les vacances commencent ! On tombe aussi : sur nos matelas – il est 2h du matin, mais pour notre horloge interne, qui est restée à l’heure suisse, il est 4h !

 Jour 2 | Keflavik – Grindavik | à vélo | 46 km | beau

C’est la troisième fois depuis 2005 qu’on est au camping Chez Alex et la première fois qu’on peut déjeuner dehors au soleil – c’est tellement rare. Il n’y a pas de vent et on savoure chaque instant. Après avoir laissé les cartons en dépôt chez Alex, on passe au supermarché 10-11 qui se trouve au centre de Keflavik, et qui est ouvert le dimanche, pour acheter de la nourriture pour 2 jours.

Départ à vélo pour Grindavik où on peine à trouver le camping. C’était pourtant bien ici en 2005 (lors de notre premier voyage), ce camping spartiate sur un terrain vague !? En levant la tête on remarque qu’il est toujours là, mais de l’autre côté de la route : un camping flambant neuf ! L’accueil – joli et moderne – nous donne envie de le découvrir : salle à manger avec cuisine équipée, salle de bain hyper chauffée et en plus une terrasse avec vue sur le port. Evidemment ça nous change de la version 2005 et ses sanitaires rustiques où il n’y avait pas de douches, mais un seul lavabo avec eau froide. On avait peu apprécié les allemands qui lavaient les langes de bébé dans le même bac où on faisait la vaisselle…

2ème surprise au Blue Lagoon : on doit faire la file à l’entrée – ça aussi c’est une première. C’est un signe qui ne trompe pas : certains endroits en Islande sont en train de devenir trop touristiques.

 Jour 3 | Grindavik – Urdirhlidar | à vélo | 46 km, dont 25 km de piste | beau

Encore une belle journée qui s’annonce, malgré le petit vent on frôle les 25°. Pour rejoindre Selfoss on décide de prendre un autre itinéraire qu’en 2005 (histoire de faire quelques découvertes) et de longer le lac de Kleifarvatn, puis de prendre la Ring Road jusqu’à Selfoss, au lieu de suivre la côte. La montée vers le col juste après Grindavik est maintenant entièrement goudronnée, mais après on retrouve la piste qu’on aime tant. A Krisuvik-Seltun on fait une petite pause pour visiter les solfatares – ça bubulle et fume de tous les côtés. On reprend la piste et on longe le très beau lac de Kleifarvatn (qui est décrit dans le livre « L’homme du lac » d’Arnaldur Indridason). Un petit peu plus loin des travailleurs sont en train de refaire la piste, en mettant une couche de gravier et en passant avec un rouleau-compresseur – ce qui fait une excellente piste style terre-battue. Mais à notre plus grand regret, ils quittent le chantier pile poil à 17h et nous laissent une profonde couche de gravier non compressée. Impossible de rouler, on doit pousser les vélos, c’est la galère, à chaque pas on s’enfonce! On campe un peu plus loin, dans une magnifique petite vallée ; et on finit la journée avec un beau coucher de soleil orange.

 Jour 4 | Urdirhlidar – Selfoss | à vélo | 61 km, dont 16 km de piste | beau

On quitte notre camp vers 11h et on roule encore 16 km sur la piste 417 à travers les champs de lave couverts de lichen. Ce beau paysage est typique de la région de Reykjanes. On rejoint la Ring Road et son trafic intense. Ce sont 40 km jusqu’à Selfoss et ce n’est pas drôle à vélo de rouler sur cet axe – mais on n’a pas le choix et on serre les dents. On regrette de ne pas avoir pris la route secondaire n° 427 via Porlakshöfn, qui suit la côte. D’autant plus qu’avant Selfoss, à Köganarholl, on voit 52 croix blanches plantées au bord de la route. On découvre plus tard qu’ils représentent les 52 victimes décédées sur ce tronçon entre 1972 et 2006. Ça nous fait froid dans le dos…

 Jour 5 | Selfoss | ravitaillement | beau et chaud 

Selfoss est idéal pour organiser la suite de notre voyage : la traversé de la Sprengisandur.

A l’office de tourisme nous demandons des informations sur l’état de la piste F26. « Toutes les pistes sont ouvertes et les gués sont praticables »  – c’est exactement la réponse dont on rêvait. On ne sait pas encore que notre plan A va malgré tout tomber à l’eau…

Il faut s’imaginer qu’en 2011 on n’avait pas encore de Smartphone et pour pouvoir consulter les prévisions météo il fallait appeler un répondeur du Weather Forecast. Problème : avec notre portable et notre numéro suisse cela ne fonctionne pas, impossible d’appeler ce répondeur. Nous allons demander de l’aide dans un magasin de téléphonie, où un jeune s’occupe de nous avec bienveillance. Après quelques coups de téléphone il nous vend une carte Sim islandaise pour 1500 ISK (à l’époque l’équivalent de 10 CHF) y compris 1000 ISK de conversation. Vraiment pas cher, en comparaison avec la Suisse ! Nous sommes donc les fières propriétaires d’un numéro islandais et avons accès au répondeur du Weather Forecast. Quand Sony appelle pour faire un test, elle ne comprend pourtant rien de rien : la dame parle en anglais, mais son accent est tellement fort que Sony crois qu’elle parle islandais. Heureusement Reno la comprend mieux : les prévisions sont excellentes pour ces prochains jours !

Au supermarché Bonus on achète de la nourriture pour les 10 jours en autonomie. On hésite un peu devant les congélateurs où les demi-têtes de moutons congelées nous font des sourires – puisque ils ont encore toutes leurs dents – mais pour finir on opte plutôt pour les traditionnels tortellinis !

Jour 6 | Selfoss – Sandartunga | à vélo | 60 km | couvert le matin, beau l’après-midi

Départ à vélo vers 11h. Heureusement on quitte la Ring Road et son trafic déjà après 15 km, pour remonter la n° 30 jusqu’à la bifurcation avec la n° 32. Le soleil est de retour, les paysans font les foins – donc le beau temps devrait encore un peu durer. En route on rencontre un canadien avec un vélo en bambou. Un prototype, comme il nous explique, qu’il est en train de tester pour un pote. Il sillonne l’Islande depuis 6 semaines principalement sur la N° 1, mais il trouve la Ring Road un peu « boring ».

Après la bifurcation le paysage devient un peu plus vallonné et on longe le fleuve Pjörsa. Arrivé au camping de Sandartunga il n’y a personne à l’accueil, ni d’autres touristes, mais on l’aime beaucoup parce qu’il est mi-sauvage. Le soir vers 21h (on est déjà couché) le gardien passe à notre tente en criant « Charging » et en nous tendant sous le nez un terminal pour le paiement par carte !

Jour 7 | Sandartunga – Hrauneyalön | à vélo | 57 km | couvert le matin, pluie le soir

Départ sous un ciel couvert, mais le soleil pointe son nez timidement. Le terrain est assez plat, juste une grimpette sur 4 km nous ralenti un peu. Vers 15h30 on arrive à Hrauneyafoss, un complexe hôtelier planté au milieu de nulle part. C’est aussi la dernière pompe essence pour 245 km. On fait le plein d’essence et on remplit les gourdes et un platypus. Initialement on voulait rester ici la nuit, mais nous ne trouvons l’endroit pas très accueillant et il y a plein de voitures de rallye. Nous décidons de continuer encore un peu et de camper plus loin. Un cataclop nous fait lever la tête : un groupe d’Islandais arrive sur les chevaux islandais et ne passe pas inaperçu. On décide de camper sur les rives d’un lac. Les premières gouttes tombent et on soupe sous tente.

Jour 8 | Hrauneyalön – Camp de la Tempête | à vélo | 20 km, dont 15 km de piste | beau et très venteux

Le vent s’est levé à 4h du matin et secoue bien notre tente, mais il ne pleut plus. On se lève à 7h30, parce qu’on doit faire la réserve d’eau pour les prochains jours. On pompe avec le filtre Katadyn, mais c’est super dur ! L’eau du lac est laiteuse, car elle vient d’un glacier, elle est donc pleine de sédiments. On aurait dû la passer à travers un tissu avant d’utiliser la pompe. Après 1 heure et demie on a des cloques aux mains et 8 litres d’eau.

Pour finir on part à vélo vers 11h. Le vent est terrible et plusieurs fois il nous pousse en dehors de la route. Il nous pousse aussi en haut d’une petite montée, tellement il est puissant. Mais malheureusement la route tourne et c’est le cauchemar du cycliste : le vent de face. Le début de la mythique piste F26 nous montre directement que cela ne va pas être une promenade du dimanche. Les islandais aiment bien concevoir des pistes qui montent tout droit, les virages en épingles à cheveux ils ne connaissent pas. Pourquoi faire des pentes modérées, si on peut monter tout droit ? Et puis il faut qu’ils essayent leur 4×4 quelque part !

La pente est tellement raide qu’on doit pousser les vélos. Les 8 litres d’eau et les sacoches pleines n’aident pas et on avance comme des escargots. Trois pas, pause. Trois pas, pause. Trois pas, pause – pendant 1 heure.

Arrivés en haut la vue est très belle, au moins une petite récompense. Près du lac de Porsvatn un allemand dans une Landrover nous souhaite « Good Luck ». On en aura besoin, parce que le vent est de pire en pire – il s’est transformé en tempête de sable. On est en plein dedans. Le vent soulève le sable et on est littéralement sablé. Ça picote sur la peau. Impossible de rouler un seul mètre sur le vélo. On pousse, sur du terrain plat et même à la descente. Un gros 4×4 s’arrête, la conductrice descend la vitre automatique – pour la remonter aussitôt – avec le sable qui entre dans l’habitacle. « Are you alright ? » nous demande elle, à travers la vitre. « Yes, we are fine ! ». Elle nous regarde avec un air douteux, mais après une petite hésitation elle continue son chemin. « T’es toute noire au visage ! ». Oups, on a effrayé les touristes américains !

On commence à sentir la fatigue, il n’y a rien d’aussi éreintant que le vent, il vous épuise. Cela fait 6 heures qu’on est en route et on n’a avancé que de 20 km. La piste descend et on se dit qu’en bas il y aura moins de vent. Mais dans ce désert de sable il n’y a que du sable et du vent – et aucun répit, aucune accalmie, aucun abri. On est à la merci des éléments. « Là-bas, on pourrait planter la tente ». Un roc nous apparait comme un sauveur et on essaye de monter la tente derrière. Ce n’est pas à l’abri, mais au moins on peut planter la première sardine en étant un peu protégé. Le montage se révèle plus difficile que prévu : Sony est couchée sur la tente, pendant que Reno plante les sardines. Ce qui nous prend 45 minutes. Heureusement qu’on a pris quelques sardines à sables, elles sont plus longues et plus larges que les sardines normales.

On est complètement crevé et on se met dans les sacs de couchage. Le vent secoue terriblement la tente et on ne peut pas vraiment relaxer. « Mais qu’est-ce qu’on fout là ? » Impossible de cuisiner dans ces conditions, mais il faut quand même manger quelque chose. On sort un peu de pain, du gouda et quelques biscuits. On voit les arceaux se plier à chaque rafale et on se demande si la tente va résister. On passe une très mauvaise nuit, impossible de fermer l’œil avec la toile de la tente qui claque toute la nuit.

Jour 9 | Camp de la Tempête – Holaskogur | à vélo | 50 km, dont 15 km de piste | beau et très venteux 

Le matin on est couvert d’une couche de sable : du sable partout, dans les yeux, dans le sac de couchage, dans les biscuits. 6 mois après notre retour on trouvera encore du sable : dans le compartiment des piles de la lampe frontale ! Le vent continue de souffler, aussi fort qu’hier. La tente est encore debout, mais un petit contrôle s’impose. « Quelle horreur ! ». La plupart des cordes sont coupées ! Elles n’ont pas survécus aux frottements. Les coupables sont vite trouvés : les sardines en alu, avec des bords bien tranchants. Et puis les cailloux volcaniques, qu’on avait posé hier soir sur les sardines et les cordes. Seulement 3 cordes sur 8 sont restées intactes et ont tenus la tente ! Aï, ça craint pour la suite. On hésite – continuer ou pas ? Ils nous restent encore 245 km à parcourir dans ce désert. Le vent ne semble pas se calmer. Pour finir on décide de rebrousser chemin. Quand on démonte la tente on sort les arceaux qui restent courbes, la pression du vent leur a donné la forme de la tente. Heureusement ils ont tenu bon ! On prend congé de notre roc, on charge les vélos et c’est parti. La bonne nouvelle est qu’on a maintenant le vent de dos. La pente de hier, où on poussait les vélos dans la descente, se fait sur les vélos. Mais dès que la piste tourne et que le vent vient de côté il nous sort de la piste avec une force incroyable ! Tant bien que mal on rejoint la route goudronnée. Sur un bout plat on fait du 24 km/h – sans pédaler – uniquement poussé par le vent de dos. La route tourne et c’est de nouveau le vent de côté. C’est hyper dangereux, parce que sans crier gare il nous pousse d’un coup sur la voie gauche de la route. Heureusement il n’y pas de trafic, depuis ce matin on a juste croisé un bus ! On est penché sur nos vélos et dans les descentes on doit pédaler et freiner en même temps, pour pouvoir, plus ou moins, contrôler les vélos.

Au complexe hôtelier Hrauneyafoss on décide de faire une petite pause, la faim se fait sentir. Deux gamins islandais nous regardent comme si on était des extraterrestres – bizarre. Un regard dans le miroir des toilettes le confirme : nos visages sont de nouveau noirs de sable…

Il nous reste 20 km à parcourir jusqu’au camping de Holaskogur et le vent nous embête toujours. Les deux derniers kilomètres sont particulièrement pénibles. La piste d’accès au camping est pleine de gros cailloux et on a de nouveau le vent de face.

« It’s windy today » ; le gardien nous accueille chaleureusement. On peut mettre la tente quelque part sur le terrain, mais il nous montre aussi la petite maison traditionnelle islandaise, un peu à l’écart, où on peut dormir. Pour 4000 ISK, bougies y compris. Ce n’est pas donné, mais on en a tellement marre du vent, qu’une nuit sous tente ne nous motive pas – surtout que dans la maison islandaise on n’entend plus le vent. On peut prendre une douche à la cabane et enlever tout ce sable, qui s’est infiltré jusque dans les oreilles. Un groupe de jeunes français dort là. Le gardien nous a raconté qu’ils avaient prévu de faire du camping, mais ils étaient très mal équipés, et ont cherché refuge ici, pour pouvoir passer une nuit au chaud.

Après le souper on refait nos plans, puisque le plan A tombe à l’eau. « Pourquoi ne pas faire la traversée de la Kjölur ? » Comme cela on positive et on ne reste pas sur un échec.

Jour 10 | Holaskogur – Fludir | à vélo | 63 km | couvert, venteux et pluie le soir

On a bien dormi, mais on n’a pas envie de se lever ce matin – encore 5 minutes… « Ah, tient le vent est tombé » dit Sony, mais en mettant le nez dehors elle découvre que ça souffle comme hier. Impressionnant, comme cette maison islandaise est bien isolée ! On a du plomb dans les ailes et on ne part qu’à 11h15. Le chemin d’accès nous semble plus facile aujourd’hui avec le vent de dos !

On fait une petite pause pour aller visiter la maison de Stöng. C’est la reconstitution d’une maison traditionnelle islandaise, trouvée sous les cendres d’une éruption du Hekla au 12ème siècle. Les parois sont faites de pierres sèches et de tourbe, le toit est couvert de touffes d’herbes. L’intérieure est très cosy, avec beaucoup de bois, le sol en terre battue et au milieu un grand foyer pour le feu. Un peu comme la petite maison où on dormait hier.

Ça roule bien jusqu’à la bifurcation avec la n° 30, mais en direction de Fludir on a de nouveau le vent de face. On arrive affamé et, avant de nous installer au camping, on va faire les courses. On est en manque de fruits et légumes, et dans le supermarché on a une envie folle de fraises et salade. Alors, on les ajoute dans le caddie – mais à peine posé la tente il commence à pleuvoir, il fait froid. Et notre envie de fraises et salade se volatilise – ce n’est pas la première fois que ça nous arrive en Islande. On voulait rester 2 nuits à Fludir, pour nous reposer un peu, mais le camping n’est pas très bien entretenu, et pour couronner le tout, juste à côté d’un élevage de cochons.

Jour 11 | Fludir – Geysir | à vélo | 28 km | couvert et venteux, puis beau

Petite étape aujourd’hui : on fait de la récupération active. On a toujours le vent de face ou de côté, mais le soleil pointe son nez et il fait beau. Un monsieur islandais s’arrête exprès pour nous. Il nous indique une foss (qu’il prononce foch) à 100 mètres. Effectivement, il y a une belle chute. Parfait pour faire une petite pause à l’abri du vent.

Arrivée à Geysir on s’installe au camping, qui est juste à côté des geysers. Chose étonnante quand même : il n’y a pas d’eau chaude dans les sanitaires et pour la douche il faut aller à l’hôtel en face. Et dire qu’on se trouve dans une zone de géothermie très active où l’eau du « litli geysir » affiche une température de 100°. 

Le soir on invente la raclette islandaise (nous en avons un peu marre des tortellinis) : c’est délicieux !

Recette de la raclette islandaise

Ingrédients pour 2 cyclistes:

500 gr. de pommes de terres déjà cuites
du gouda et quelques tomates cocktail
des cornichons
du poivre

Mettre les pommes de terre dans une poêle avec un peu d’huile et les faire chauffer brièvement. Les couvrir avec le gouda coupé en tranches, mettre un couvercle, baisser le feu et laisser fondre le fromage. Poivrer et déguster avec des cornichons servis à côté !

Jour 12 | Geysir | jour de repos | couvert, le soir un timide soleil

Aujourd’hui est notre jour de congé, on a vraiment besoin de se reposer. On profite du hotpot de l’hôtel, on va manger des hamburgers / frites et on va voir le Strokkur au moins 4 fois. Il est réglé comme une horloge et produit une éruption chaque 10 minutes. Un spectacle fascinant : on ne s’en lasse pas !

Jour 13 | Geysir – Hvitarnes | à vélo | 56 km, dont 31 km de piste | beau, pluie le soir

Départ sous le soleil pour la première étape de la traversée de la Kjölur, la F35. On fait une petite halte à Gullfoss, mais on ne voit pas l’arc-en-ciel, pour lequel la Chute d’Or est fameuse.

Au kilomètre 25 la piste F35 commence : fin de la route goudronnée, le panneau Malbik Endar nous accueille ! Ça monte assez raide, dans certains passages on doit pousser les vélos. La vue en haut du col est magnifique : une rivière d’un bleu irréel et des montagnes noires au loin. A Tangaver on quitte la F35 pour prendre un Jeep Track, qui nous mène au pied du glacier Langjökull. Nous avons vu sur la carte qu’il y a un camping à Tjarnheldi, mais il se résume à un cabanon de toilette et un refuge. Il n’y a pas d’eau courante : il faut puiser l’eau dans la rivière. Il commence à pleuvoir et pour finir on plante la tente à côté du refuge.

Jour 14 | Hvirtarnes – Hveravellir | à vélo | 53 km de piste | changeant, pluie le soir 

Il a fait froid la nuit, à cause du glacier tout prêt, mais on a bien dormi dans nos sacs de couchage. On se lève un peu plus tôt ce matin, parce qu’on doit pomper de l’eau pour la journée, ce qui prend un certain temps. Plus loin on s’apprête à traverser une rivière à gué – on est en train de mettre les pantoufles d’eau – quand une petite jeep s’arrête : « How do we cross the river ». Oui, ça peut surprendre : il n’y a pas de pont ! Mais ce couple de touristes ne savait même pas que dans les hauts plateaux les ponts sont rares et que la plupart du temps il faut traverser à gué. Ils préfèrent faire demi-tour… La traversée nous prend un peu de temps, mais l’eau n’est pas haute et c’est assez facile. Par contre l’eau est glaciale, mais après on a les pieds chauds pour toute la journée.

On rejoint la F35, celle qu’on a quittée hier. Il fait un peu moins beau, les paysages sont moins spectaculaires et la piste devient un calvaire. Après 2 heures on fait une pause et on se rend compte qu’on a avancé seulement de 15 kilomètres. Il nous reste 35 km de tôle ondulée, en plus ça monte et ça descend. C’est une étape qu’on fait sans grand plaisir, pas parce qu’elle est dure physiquement, mais parce que la tôle ondulée à vélo est extrêmement c!&%!?%*. Notre beau-frère nous a expliqué une fois qu’avec un véhicule il faut rouler à 80 km/h pour ne pas sentir la tôle, alors que nous à vélo on fait maximum du 5 à 10 km/h. On arrive complètement crevé à Hveravellir, et en plus il pleut. Pour nous remonter le moral on aurait bien pris un bain dans les sources d’eau chaude, qui sont juste à côté du camping, mais on n’a pas envie sous la pluie… On décide de rester là un jour supplémentaire pour pouvoir profiter des bains demain !

Jour 15 | Hveravellir | jours de repos | temps changeant et pluie le soir

On a bien fait de rester : le bain dans le bassin naturel est trop bien ! Deux tubes amènent l’eau directement de la source jusqu’au bassin. Un tube avec de l’eau bouillante, un autre avec de l’eau tiède. Le mélange se fait de manière naturelle dans le bassin et parfois des courants hyper chauds nous brulent les fesses. Mais on adore tellement que l’après-midi on se fait un deuxième bain !

Depuis le site de Hveravellir on a une jolie vue sur le Hofsjökull et entre deux bains on fait une petite promenade dans les environs.

Jour 16 | Hveravellir – Hunaver | à vélo | 94 km, dont 90 km de piste | temps changeant, grêle et pluie

On part vers 11h sous un ciel couvert. Ça roule un peu mieux qu’avant-hier, moins de tôle ondulée, mais c’est très vallonné. Après 30 kilomètres on est au refuge d’Afangi, mais il est seulement 14h et un peu trop tôt pour s’arrêter. Malgré la pluie, la grêle qu’on a pris juste avant et le fait qu’on soit mouillé jusqu’au slip, on continue. La pluie s’arrête et nos vêtements sèchent sur homme et sur femme. Juste après le refuge on franchit un petit col, le vent souffle et la descente de l’autre côté est glaciale. Près d’un barrage on essaie de trouver un campement, mais il n’y a pas vraiment de place idéale, le vent souffle et il recommence à pleuvoir. Nous décidons alors de continuer, tout un mettant nos pantalons de pluie. Arrivés à une bifurcation on décide de rester sur la F35 jusqu’à la Ring Road, plutôt que de suivre la piste F756 jusqu’à Vermalhlid. On croise un cycliste, qui une heure avant, a eu de la neige avec une chute de température de 10°. Le paysage devient de plus en plus vert et on longe quelques beaux lacs. Ça roule bien sur la terre battue ; il faut juste éviter les nids de poules, qui sont remplis d’eau ! La pluie a cessé, mais on se fait gicler deux fois par des 4×4 qui nous dépassent sans faire attention aux gouilles ! Tonnerre de Brest ! Le pire c’est qu’ils ne s’en rendent même pas compte… Une descente partiellement asphaltée nous mène dans une jolie vallée avec des fermes. Nos compteurs affichent 90 km quand on rejoint la Ring Road. Il reste 4 km jusqu’au prochain camping. Il pleut de nouveau, tortellinis et hop au lit !

Jour 17 | Hunaver – Saudarkrokur | à vélo |  48 km | pluie

Déjeuner sous la pluie, démonter et ranger la tente sous la pluie, partir sous la pluie, faire la montée de 6 km sous la pluie, puis une longue descente glaciale, toujours sous la pluie…

A Vermahlid on fait une pause obligatoire pour nous réchauffer au bistro. On continue en direction de Saudarkrokur, mais après quelques kilomètres on est attiré par la ferme « Glaumbaer ». Une ferme de 300 ans et faite entièrement en tourbe, qui se visite ! A l’intérieur on entend ni la pluie, ni le vent, elle est très bien isolée et vaut vraiment une visite. On apprend pleins de choses sur la vie des gens de l’époque, par exemple qu’il existait une sorte de code de conduite, pour vivre ensemble dans le respect mutuel. Seulement ce qui était placé sous le coussin était privé, à l’abri comme dans un coffre-fort.

Après cette visite on continue notre route – toujours sous la pluie. Le camping de Saudarkrokur est situé au milieu du village, à côté de la piscine. Ça tombe bien ! A la piscine aussi il y a un code de conduite : douche obligatoire avant d’aller à la piscine et sans maillot s’il vous plaît. On rejoint les islandais qui mijotent dans le hot-pot et qui s’échangent les  dernières nouvelles. Nous profitons de l’eau chaude après cette étape très humide et froide et apprécions l’accalmie de la pluie.

Le soir on mange au restaurant Olafshus, on a besoin de se cocoler un peu. On y mange très bien et on se laisse tenter par le menu « poisson », salade et soupe comprises, donc parfait pour deux cyclistes affamés. L’arctic char à la mode de Saudarkrokur (omble chevalier avec crevettes et poireaux) qu’on déguste est excellent : tellement que c’est devenu un plat phare dans notre cuisine à la maison – une sorte de souvenir gourmand. A la sortie du restaurant il pleut à nouveau et on décide de faire la promenade digestive plutôt demain !

Jour 18 | Saudarkrokur | jour de repos | beau

Le soleil nous réveille ! Ça fait du bien ; c’est parfait pour lancer une lessive – et surtout nécessaire. Le camping est équipé d’une machine à laver (il faut juste appeler le numéro de la commune pour payer et recevoir la clé). Par contre pas de sèche-linge, mais le séchoir fera l’affaire et on squatte aussi les radiateurs de la salle de bain hyper chauffée. On profite qu’on est seul au camping…

Pendant que le linge sèche on fait un petit tour au port, mais il n’est pas très photogénique. Alors direction Verslun Supermarket, qu’on trouve à l’entrée du village. Il est très bien fourni, avec une poissonnerie et une boucherie, ce qui est rare en Islande. Normalement on ne trouve que du poisson surgelé, le comble dans ce pays où la pêche est un secteur très important. Presque dommage qu’on a prévu de manger à nouveau au Olafshus, pour y goûter le menu « viande ».

Jour 19 | Saudarkrokur – Akrar | à vélo | 71 km | beau, quelques nuages et beaucoup de vent

On part de Saudarkrokur avec un petit vent de côté, mais ça roule bien et on a une belle vue sur la mer, qui est d’un bleu incroyable. Après Tjarnir par contre, on a un vent de face terrible pour les 20 derniers kilomètres.

A Akrar il n’y a pas de camping et notre plan est d’aller demander à la piscine s’il y a une possibilité de mettre notre tente quelque part. On n’est pas encore arrivé à la piscine, quand un Pick-Up avec un monsieur islandais s’arrête. Il nous demande quelque chose en islandais ; il ne parle pas l’anglais. Reno lui fait comprendre avec des signes, qu’on cherche une place pour dormir. Le monsieur téléphone alors à sa fille, qui parle un peu anglais. La jeune fille indique à Reno de suivre le monsieur, qui va nous conduire près d’une maison de vacances où on pourra planter la tente dans le jardin pour 1000 ISK. Il nous mène devant une petite maison isolée. La porte de la maison n’est – à notre plus grande surprise – pas fermée à clé. Nous suivons le monsieur à l’intérieur, tout en enlevant nos chaussures de marche, ce qu’il approuve avec un hochement de tête. Il nous montre ensuite la cuisine et la salle de bain, qu’on a le droit d’utiliser – tout en laissant tourner le moteur de son Pick-Up. Sans un mot il part ensuite, en Pick-Up, 50 mètres plus loin pour aller bécher dans un champ. Pas très loquace ces islandais, mais on se sent super bien accueilli !

Le thermomètre de la fenêtre de la cuisine affiche 6°, mais avec le vent il doit faire proche de zéro. En faisant la vaisselle on remarque un immense congélateur dans la salle à manger. Curieux, on risque on œil et on découvre qu’il est plein à craquer de gigots d’agneau et autres morceaux de viande. Surprenante, cette maison de vacances. Il est 20h quand on tombe sur nos matelas, le vent nous a – une fois de plus – achevé.

Jour 20 | Akrar – Dalvik | à vélo | 70 km, dont 37 km de piste | temps changeant et beaucoup de vent en haut du col

Le vent s’est un peu calmé et on a même un petit rayon de soleil quand on quitte notre petite maison. On longe encore un peu la côte avant de bifurquer vers la piste n° 82 en direction de Dalvik. Elle monte doucement – à part quelques raidillons – dans une belle vallée verte. Quelques fermes, un barrage et une sorte de haut-plateau de toute beauté nous attendent en haut. Reno dit : « A partir de maintenant c’est que de la descente ! » Sony est sceptique : « Je crois que le plus dur est encore à venir ! » Effectivement, après la dernière ferme un raidillon de première se présente devant nous, comme un mur. Ça ne va pas être de la rigolade. On doit pousser les vélos sur 700 mètres avec une pente à 16%. C’est très dur et ça continue à monter, en plus il y a le vent de face. En haut du col ça siffle terriblement et on avale juste une petite barre, parce qu’on est presque en hypoglycémie. La descente de l’autre côté est belle, mais glaciale et se fait toujours avec le vent de face.

Un prochain défi nous attend après Olafsfjördur : un tunnel. Il n’est pas éclairé, a une voie, est 3,4 km de long et – cerise sur le gâteau – en légère montée. Traverser un tel tunnel à vélo n’est pas un plaisir, nous en avons déjà fait l’expérience dans les Fjords de l’Ouest en 2009. Sony met sa lampe frontale autour de la sacoche du guidon et va devant. Reno a une loupiote arrière sur son vélo et ferme la marche. Ainsi équipé on s’aventure dans le tunnel. Dans les tunnels à une voie le trafic en amont a la priorité, (donc nous) et ceux dans l’autre direction doivent attendre dans des îlots prévus à cet effet. Mais pas tous les automobilistes respectent cela – c’est un peu flippant. La bonne nouvelle : il n’y a pas de vent dans le tunnel, par contre il fait frisquet. On est content d’en sortir. Un léger vent arrière nous redonne du courage, mais on arrive à Dalvik complètement frigorifié. On va d’abord nous réchauffer au N1, (pompe essence et bistro) en mangeant quelque chose de chaud. La fatigue nous joue ensuite un tour, parce qu’on cherche le camping du mauvais côté du village : Arrgh ! Ce n’est qu’à 20h qu’on plante la tente sur un immense terrain à côté de la piscine. Là on trouve aussi l’horaire du ferry pour Grimsey, qu’on aimerait prendre demain.

Jour 21 | Dalvik – Grimsey | jour de repos | temps changeant

Le ferry part à 9h et pour acheter le billet il faut indiquer le nom, la date de naissance et la nationalité – juste au cas où le ferry coulerait !

Le soleil nous accompagne encore un peu, mais il disparait rapidement derrière les nuages. On s’installe sur le pont du ferry, qui – il faut le préciser – est plutôt petit, puisqu’il ne peut transporter qu’une voiture à la fois. Il met à peu près une heure pour sortir du fjord et atteindre la haute mer. Le vent devient alors plus fort et on décide d’aller à l’intérieur, s’asseoir tout devant. A travers les hublots on voit défiler les vagues, qui font deux mètres. Ça secoue bien le petit ferry. Quand le personnel commence à distribuer des sachets Sony devient toute blanche. Et elle n’est pas la seule. Une maman est occupée avec sa petite fille, qui a la tête dans un sachet durant tout le trajet. « Fixer l’horizon, il faut fixer l’horizon »  se rappelle Sony, mais il n’y a rien à faire. Elle prend un sachet et court dehors sur le pont : et là ça va presque immédiatement mieux, heureusement.

Au port de Grimsey nous débarquons d’un pas un peu chancelant, mais le temps de monter au restaurant l’appétit est revenu – signe infaillible que ça va mieux. Revigoré avec une soupe aux champignons bien consistante et un chocolat chaud on part à pied découvrir l’ile. Elle n’est pas grande, seulement 5 kilomètres de long, mais il y a même un aéroport. On fait le demi-tour de l’ile et finalement il n’y a pas grand-chose à voir, mise à part le monument du cercle polaire. C’était d’ailleurs la raison de notre venue : franchir le cercle polaire – voilà qui est fait.

Pour le retour en ferry on a droit à une heure de soleil et moins de vagues hautes – c’est très agréable !

our 22 | Dalvik – Akureyri | à vélo | 47 km | beau, quelques nuages

Départ vers 11h30 : on est un peu lent ce matin et on profite du soleil. Une étape agréable, malgré le terrain vallonné. On longe le fjord, mais on est assez loin de la mer. Peu de trafic sur la route secondaire, mais dès qu’on rejoint la Ring Road c’est l’enfer.

On s’arrête dans la banlieue d’Akureyri pour acheter un spray à la silicone pour notre tente. On n’arrive plus à bien fermer la fermeture éclair depuis la tempête de sable. Le seul moyen de bien la fermer est de passer les 3 curseurs, ce qui est un peu énervant.

On rejoint le camping d’Akureyri vers 16h. Il est bien situé sur les hauteurs de la ville : juste à côté du petit supermarché Sagkap et en face de la piscine. Pour nous ce sera d’abord ravitaillement et piscine ensuite. Là c’est surtout le hot pot qui nous intéresse, il n’y a pas mieux pour nos muscles endoloris : l’eau est à 43°. On alterne hot pot avec bains de soleil, grâce à l’enceinte coupe-vent autour de la piscine.

De retour au camping c’est difficile de s’imaginer qu’à 200 mètres de là on était en maillot de bain : on est en plein vent et il fait frisquet ! Ce qui ne nous empêche pas de cuisiner dehors, des pommes de terre et un morceau de viande (on ne sait pas très bien ce que c’est, le nom en islandais ne nous dit rien), pour changer un peu des pâtes.

On est samedi soir et il y a pas mal de trafic autour du camping : le « runtur » a commencé. C’est une spécialité islandaise qui consiste à faire un tour en voiture avec ses potes, vitres baissées, musique à plein tube et rencontrer d’autres potes en voiture, vitres baissées, musique à plein tube pour décider comment meubler le samedi soir. Les italiens font le corso, les islandais le « runtur », l’idée est la même : voir et être vu (bon, la météo dans les deux pays n’est pas pareille, c’est pourquoi les islandais flânent en voiture) !

Jour 23 | Akureyri | jour de repos et visite | pluie le matin, sec ensuite

On déjeune tranquillement et on va ensuite découvrir la ville. Akureyri est la deuxième plus grande agglomération de l’Islande (derrière Reykjavik) et la capitale du nord. Elle est agréable ; assez verte avec beaucoup de jardins. Le centre se résume à quelques rues piétonnes et le port. Nous allons voire le jardin botanique, mais c’est presque un peu tard dans l’année (on est fin août) et la plupart des fleurs sont déjà fanées. Le musée d’Akureryi est très intéressant et on apprend que les islandais faisaient beaucoup de commerce d’exportation à l’époque : poisson, souffre et huile de baleine pour les lampes. En échange, ils importaient surtout du blé. Juste à côté du musée, la maison de Nonni (Nonnihus) nous intrigue. L’écrivain Jon Sveinsson y a vécu ses dernières années. N’ayant pas lu ses livres, ça nous dit pas grand-chose et on est plus impressionné par la maison toute en bois et ses plafonds très bas.

On passe au Bus Terminal, le bureau est ouvert, mais il n’y a personne derrière le comptoir. On repassera demain pour acheter les billets et annoncer les vélos pour le retour en bus à Reykjavik.

Jour 24 | Akureyri – Reykjavik | en bus | 387 km | couvert à Akureyri, pluie à Reykjavik

Le départ du bus Sterna est à 17h, mais on est là un peu avant pour charger les vélos. Pour qu’ils entrent dans le coffre arrière du bus, on doit enlever les roues avant des vélos. Le bus est loin d’être plein, à part nous il y a juste un monsieur islandais.

Nous sommes enchantés du paysage entre Akureyri et Vermahlid. Le col d’Öxnadalsheidi est plongé dans une belle lumière. Le bus fait un stop d’une ½ heure à Stadarskali, un restoroute sur la N°1, ça permet de manger un petit morceau, passer aux toilettes et se dégourdir un peu les jambes.

La nuit commence à tomber, il est 21h. Juste avant Borgarnes on aperçoit un petit point rouge étrange devant nous – un cycliste encore en route – il fait déjà nuit noire. Le bus arrive au BSI Bus Terminal vers 23h et c’est la pluie qui nous accueille. On décide de prendre la route par Hallgrimskirkja pour aller au camping, c’est la plus courte (8 km), mais ça monte raide. Epuisé, on tombe sur nos matelas vers 1h30 du matin.

Jour 25 | Reykjavik | repos et shopping | couvert le matin, pluie ensuite

On fait la grasse matinée jusqu’à 10h… Le réchaud ne fonctionne plus, Reno essaie de le réparer. Après 1 heure il marche à nouveau, sans pression, mais cela suffit pour faire le café. L’après-midi on fait une petite virée jusqu’au Kringlan, un centre commerciale, idéale pour faire du shopping quand il pleut.

Jour 26 | Reykjavik | visite | fine pluie toute la journée

Nous faisons notre programme pour affronter un jour pluvieux à Reykjavik. Le matin on visite Harpa, la nouvelle salle de concert et centre de congrès inaugurée en mai 2011. Pour nous c’est tout un symbole, que l’Islande est sortie de la crise. Lors de notre voyage en 2009 nous l’avons vu en chantier, avec plein de grues autour, mais tous les travaux étaient à l’arrêt. La crise financière de 2008 avait fortement frappé l’Islande et on ne savait pas si un jour il allait pouvoir être terminé. Mais c’est chose faite !

En 2011 il est encore possible de visiter tout le bâtiment sans guide (ce qui, hélas, n’est plus possible maintenant à cause de l’arrivé du tourisme de masse) et nous en profitons. A l’intérieur le béton brut, teint en anthracite, contraste avec la transparence du verre et le plafond en miroir. Les baies vitrées offrent une belle vue sur le port. Le moindre détail est soigné, jusqu’à dans les robinets des salles de bain. Mais son point fort est la façade en verre, qui rappelle les alvéoles et qui donne de jolis jeux de lumières et de beaux reflets selon la météo.

Le tour du lac Tjörnin permet d’admirer les bouleaux qui ont été plantés en 1914, mais qui n’ont pas poussé énormément depuis. Une petite visite au Radhus (Cityhall) vaut vraiment la peine : on y trouve une impressionnante maquette 3D en carton de l’Islande. Il a fallu 4 ans à 4 employées plein temps pour la fabriquer.

On finit la journée à la piscine Laugardalslaug qui se trouve juste à côté du camping. L’installation est un peu vétuste, mais les quatre hots pots sont trop bien, surtout celui à 44° –  après 4 minutes on est rouge comme des écrevisses !

Jour 27 | Reykjavik | repos et shopping | pluie toute la journée

A court de slips on fait une petite lessive. La météo ne nous aide pas, il pleut toute la journée. Avec cette humidité, impossible de sécher quoi que ce soit. On aurait dû le savoir, mais ça arrive même aux meilleurs : l’erreur du débutant ! On est obligé d’aller acheter quelques sous-vêtements. En ville on ne trouve que des culottes pour touristes – avec le drapeau islandais ! 2 heures plus tard, dans les vestiaires de la piscine, on les met, mais discrètement…

Pour le repas du soir on prévoit de faire notre dernier paquet de tortellinis, mais le réchaud ne produit plus rien, à part une petite flammèche jaune. Heureusement il y a quelques plaques électriques au camping qu’on peut utiliser. On achète les billets et on annonce les vélos pour le bus de demain, en optant pour la version rapide ( voir conseil pratique 37 ) pour aller à Keflavik.

Jour 28 | Reykjavik – Keflavik | en bus | 48 km | beau

A notre plus grande surprise le soleil pointe son nez ce matin. On a réservé le bus de 11h30. Pas grand monde, on peut charger tranquillement nos vélos dans la soute du bus. On choisit délibérément une plage horaire calme; car en 2009 nous avons fait une mauvaise expérience. Le bus était parti sans nous, simplement parce qu’il y avait beaucoup de monde, et que dans la soute il n’y avait plus de place pour les vélos…

On arrive ponctuellement à l’aéroport, mais puisque notre vol de retour n’est que demain, on pédale les 3 km jusqu’au Guesthouse Chez Alex, où on plante la tente. Cela nous laisse tout l’après-midi de libre. On a d’ailleurs une petite idée derrière la tête pour finir en beauté : aller au Blue Lagoon. La chance nous sourit, il y a justement un bus qui part dans pas longtemps. On n’hésite pas et on passe 2 heures à nous relaxer dans l’eau laiteuse qu’on aime tant.

De retour Chez Alex on démonte les vélos, pour les mettre dans les cartons, qu’on a laissés là il y a 28 jours. On réserve également le transfert pour aller à l’aéroport demain matin. A la réception on nous dit qu’une grande fête est prévue à Keflavik ce soir – mais on n’est pas très chaud pour y aller – le transfert est à 5h15 demain. On est bercé par la musique des concerts jusqu’à 23h, après la fête continue dans une salle fermée. On arrive quand même à fermer l’œil quelques heures…

Jour 29 | Keflavik – Copenhague – Genève | en avion | 3290 km |  beau en Islande, pluie en Suisse

Dring ! Le réveil sonne à 3h30. La fête au village bat son plein et on démonte notre tente au rythme de la musique. La nuit a été courte et on n’est pas très rapide ce matin. Il faut trimbaler tout notre matériel (2 grands sacs et les 2 cartons vélo) jusqu’à la réception, mais au moins ça réchauffe. Un jeune islandais nous attend déjà avec le bus et on arrive à l’aéroport avec un peu d’avance.

Le check-in se passe très bien, dans le calme, sans stress et la chance nous sourit : on n’a rien à payer pour les kilos supplémentaires (pourtant nos 2 sac pèsent 26 kg chacun). On a même le temps de prendre un petit déjeuner au bar.

En 2011 les vols directs en dehors de la haute saison n’existent tout simplement pas et nous devons transiter par Copenhague. Le paysage qu’on voit à travers le hublot lors du vol d’approche nous semble bizarre. On n’est plus habitué à voir des forêts, du plat, de la brume… on est encore en mode Islande. Par contre on trouve spectaculaire le pont d’Øresund, qui plonge comme un serpent dans l’eau pour devenir – un tunnel.

Notre décision de transiter par Copenhague se révèle être une bonne idée, le vol pour Genève part de la porte d’embarquement juste en face. Mauvaise surprise dans l’avion, on a les pires places : tout en arrière, près des toilettes et avec vue sur les réacteurs. En atterrissant à Genève nos oreilles bourdonnent à cause du bruit. Nos vélos sont déjà là, mais il faut attendre un long moment pour les bagages.

Le frère de Reno et ses parents nous attendent déjà. Il pleut, mais il fait chaud – nous trouvons cela étrange. On invite nos chauffeurs à manger un petit morceau au resto, mais c’était une longue journée, on est complètement crevé – et content de retrouver nos lits !

© malbikendar.ch 2019 | Tous droits réservés. Tous les textes et photos sur le site de malbikendar.ch appartiennent à Sony et Reno. Vous voulez les utiliser ? Soyez fairplay, contactez-nous ! malbikendar@bluewin.ch